Les observations sur l'activité artisanale effectuées sur le terrain n'incitent guère à l'optimisme, car la situation dans notre wilaya est désastreuse. » Le constat, amer, émane de la commission de l'APW de Boumerdès qui a eu à travailler sur ce dossier inclu à l'ordre de la 3e session de l'assemblée de l'année écoulée. Considérant que « la revalorisation de l'activité artisanale est plus qu'une nécessité, vu que celle-ci joue un rôle primordial dans la relance de l'activité économique et qu'elle peut générer un nombre important de postes d'emploi à court terme », l'assemblée de la wilaya a plaidé pour « une nouvelle dynamique dans le secteur de l'artisanat ». Pour ce faire, la commission recommande une série de mesures qui passent pas un « véritable recensement des activités artisanales avec leur localisation précise ». Ce qui devra aussi mettre en évidence les spécificités de chaque activité, dans chaque région et définir bien entendu ses besoins, « autrement dit, recenser les villes et villages qui se distinguent surtout par une activité artisanale quelconque ». La redynamisation du secteur passe inévitablement par le concours de tous les acteurs qui interviennent dans la chaîne de responsabilité : les autorités locales, la direction de la petite et moyenne industries et de l'artisanat, la direction du tourisme, ainsi que celles de la culture et de la formation professionnelle, la chambre de l'artisanat et l'Ansej. « Du concours de toutes ces parties résultera une synergie à même de propulser cette activité », estime-t-on. Les élus de l'APW trouvent que « l'absence de surfaces d'exposition et de vente des produits de l'artisanat a aggravé l'isolement de cette activité ». D'où leurs recommandations portant sur l'organisation d'un salon national annuel de l'artisanat à Boumerdès, la réalisation d'une maison de l'artisanat et la construction de locaux au profit des artisans partout sur le territoire du département. Trois mesures qui, estime-t-on, remettront sur orbite l'activité artisanale qui, au-delà de son apport économique, représente « un héritage historique en lien direct avec l'identité de la nation ». Les élus à l'APW de Boumerdès appellent aussi à la contribution du secteur de la formation professionnelle qui pourrait « aider au développement et à l'épanouissement de l'artisanat ». Pour cela, ils recommandent l'intégration parmi les spécialités enseignées, les métiers et les activités de l'artisanat. Mieux ils proposent l'ouverture d'un centre de formation spécialisé dans l'artisanat. « Un des piliers de notre identité culturelle, l'artisanat a besoin d'une politique de développement efficace qui tiendrait compte des domaines social, culturel et économique », résume la commission de l'APW. L'administration, elle, met en avant la restructuration décidée en novembre 2003 et qui a détaché l'activité artisanale du ministère du Tourisme pour la mettre au département de la petite et moyenne industrie pour conclure à « une réelle volonté de développer le secteur ». Aussi, a-t-on créé et installé le 6 octobre 2004 la direction de la Petite et Moyenne industrie et de l'artisanat de la wilaya. La décision interministérielle de février 2005 est venue compléter la restructuration en définissant les trois bureaux des services de l'artisanat au niveau de la direction : le bureau de développement de l'activité artisanale, le bureau d'organisation et de suivi de l'activité et celui des études et statistiques. « Cela participe de la volonté des pouvoirs publics de redonner à l'artisanat toute la place qu'il mérite », assure-t-on. A Boumerdès, l'activité artisanale se divise en trois chapitres principaux., l'activité artisanale et artistique, l'industrie artisanale et l'activité artisanale productrice de services. Cela étant, ce sont les métiers de l'artisanat qui dominent en nombre. L'activité industrielle artisanale est basée dans les grands centres urbains. Elle inclut la menuiserie (bois, métal) la céramique, l'électricité, la maintenance mécanique et d'autres services comme la couture, la coiffure et la photographie. L'activité artisanale, purement culturelle se concentre dans les régions de Dellys (vannerie) et Naciria (poterie). Les statistiques de la fin de l'année écoulée (octobre) donnent un total de 1460 artisans à l'échelle de la wilaya, dont 68 seulement travaillent dans l'activité artisanale culturelle. Le reste est réparti entre les produits de l'artisanat (333) et les services (1059). L'aide de l'Etat Le fonds de soutien à l'activité artisanale du ministère, destiné à accompagner les artisans, les coopératives, les entreprises et les associations activant dans ce domaine et qui est aussi destiné à aider au développement de l'activité artisanale dans le milieu rural, a financé, pour l'année 2003, une dizaine de projets (10 dossiers). Pour l'année 2005, 40 dossiers ont été validés par la commission de wilaya, révèle un document de la wilaya. Les 40 dossiers sont répartis entre la menuiserie (10), la vannerie (8), la tannerie (7) et les textiles (11). Face au grand nombre de dossiers déposés au niveau de la direction pour bénéficier de ces aides, la wilaya a demandé qu'on revoie son quota à la hausse, surtout qu'en 2004, Boumerdès n'a bénéficié d'aucune aide de ce fonds. Les artisans sinistrés du séisme de mai 2003 « vont eux aussi bénéficier du soutien de l'Etat ». 37 dossiers sont, dans ce chapitre, au niveau du ministère. Ils devront bénéficier de l'aide que propose le Bureau international de travail. A cela s'ajoutent d'autres actions que les autorités ont déjà entreprises ou vont entreprendre pour relancer l'activité artisanale. Entre autres actions, on a cité la confection d'une carte de répartition de l'activité dans tout le territoire du département, la demande introduite auprès de l'APC de Boumerdès la sollicitant de réaliser un espace d'exposition et de vente, les consultations engagées avec les APC, dont le territoire est traversé par la RN 5 pour ouvrir des points de vente des produits de l'artisanat, la proposition faite aux propriétaires des établissements touristiques (les hôtels notamment) d'ouvrir des halls d'exposition et de vente, la coordination avec le mouvement associatif et la facilitation de la participation des artisans dans des manifestations nationales et internationales. La direction a aussi mis ses effort, sur « la création de conditions favorables », à travers un travail de sensibilisation envers les services des impôts, la formation professionnelle et le mouvement associatif, comme elle a saisi l'Entreprise nationale du bois (ENAB) afin de permettre aux artisans de s'approvisionner facilement en rotin surtout. L'année 2006 verra-t-elle ainsi l'activité artisanale prendre son élan ?