L'APW de Boumerdès a débattu mercredi dernier, lors de sa 2e session ordinaire de cette année, des Zones d'expansion touristique (ZET) dans la wilaya. Le thème a permis aux élus et aux représentants de l'administration de déborder sur le secteur du tourisme en général, partant du rapport établi par la commission de l'APW. La commission qui a travaillé sur ce dossier fait remarquer que « 10 ZET sont prévues à Boumerdès, le long de ses 80 km de littoral, mais 6 d'entre elles ont été cadastrées et leur situation légale ainsi que leur nature sont connues, tandis que les 4 autres demeurent à ce jour dans une situation confuse ». Même du point de vue environnemental, « ces zones sont dans une situation de dégradation continue à cause du pillage du sable des plages et du déversement des eaux usées dans leur périmètre géographique comme à la cité Sidi El Medjni de Dellys et au site des chalets de Tagdempt », lit-on encore dans ledit document. Les rédacteurs du rapport soumis à l'approbation de l'assemblée sont clairs : « Il serait anormal de continuer à débattre de l'investissement touristique si le plan de l'aménagement touristique de la wilaya n'est pas respecté et si les terres et les propriétés immobilières se trouvant sur le littoral ne sont pas identifiées et leur situation n'est pas légalisée. » Après ce constat, la commission a tenté d'identifier et de recenser les problèmes que rencontre l'investissement touristique dans la wilaya. En tête de ces difficultés, la commission de l'APW évoque « le conflit entre les différents intervenants dans ce domaine qui empêche les investisseurs de mener à bien leurs projets tels que celui qui oppose la direction générale des domaines à l'Agence nationale du développement du tourisme (ANDT) sur la situation juridique des ZET ». La commission cite aussi « le problème des surfaces bâties situées dans le périmètre de ces zones et des chalets ». Les membres de la commission ont aussi parlé de l'« absence de grands projets touristiques dans la wilaya qui provoque des réticences de la part des investisseurs qui ont peur de s'aventurer, surtout que le grand projet du groupe saoudien Sidar, prévu à Zemmouri Ouest, tarde à se concrétiser ». Et de s'interroger : « Pourquoi les investisseurs étrangers ne se sont pas intéressés à nos 210 ZET, leur préférant les côtes de Zéralda et de Tipaza ? » La commission, qui n'avait pas toutes les données nouvelles relatives au secteur du tourisme et qui s'est retrouvée du coup en contradiction, dans certains aspects, avec le bilan avancé par la toute nouvelle direction du tourisme, évoque en outre « les obstacles que dressent les projets de promotion immobilière dans le périmètre des ZET ». Ceci révèle « le non-respect de la stratégie de développement touristique », lit-on dans le rapport. Le problème sécuritaire, le manque de professionnalisme chez certains investisseurs et l'absence d'une culture du tourisme d'une manière générale représentent, aux yeux de l'APW de Boumerdès, un véritable écueil qui se dresse devant l'effort de développement du secteur. Pour combler ce vide, l'APW propose « la réalisation d'un parc de loisirs dans la wilaya, la transformation des chalets implantés sur le littoral en centres de vacances pour accueillir les estivants, le respect des caractéristiques des zones touristiques qui accueillent des projets du point de vue social, économique, écologique et sécuritaire et la nécessité de tenir compte également des facteurs du tourisme, de la culture et de l'environnement sans lesquels aucun développement touristique n'est possible ». Pour assurer ce développement, l'assemblée suggère d'intensifier les rencontres d'information et les entreprises de publicité en vue de faire connaître les potentialités de la wilaya. Ce qui passe pour une bonne formation, s'accorde-t-on. L'APW recommande en définitive de finaliser l'opération de cadastre des terres, la relance des projets en souffrance comme ceux de Takdempt et des Salines dans la région de Dellys, la révision de la classification des hôtels existants à l'échelle de la wilaya, la promotion de l'activité artisanale, le renforcement de la sécurité, les poursuites judiciaires à l'encontre de tous ceux qui ont délivré des permis de construire dans des zones touristiques, et faire obligation aux services des domaines de protéger la propriété de l'Etat si l'on veut réellement développer le tourisme dans la wilaya. Dans leur intervention, certains élus, comme Mokrani du FFS, ont carrément demandé une commission d'enquête sur le devenir des terrains, que l'on tente de partager, contenus dans la ZET de la Sablière, dans la commune de Boumerdès. Un autre élu, M. Mazouni, a dénoncé le « décalage qui existe entre le discours et la réalité », citant l'exemple des projets en souffrance dans les ZET de Tagdempt et des Salines, à l'est de la wilaya. « Ces coins sont en train de se ‘‘bidonvilliser'', ce qui empêche, bien entendu, tout investissement », a-t-il dit. Le wali a rassuré pour sa part que tous les efforts nécessaires se font pour que Boumerdès soit l'un des pôles touristiques du pays. Répondant à l'interpellation du FFS, il précisera que « le problème des terres de la Sablière sera réglé avec la révision du plan de l'aménagement urbain de la commune de Boumerdès ». Au sujet de la non-désignation de la wilaya de Boumerdès, par le ministère, comme l'une des zones pilotes dans l'investissement dans ce secteur, M. Bedrici a déclaré qu'il fera, en collaboration avec l'assemblée toutes les démarches nécessaires pour que cela se concrétise. La directrice du tourisme a souligné que le projet de la ZET de Zemmouri, confié au groupe saoudien Sidar, est en voie de réalisation et que d'autres projets sont enregistrés pour les zones de Figuier (7), Zemmouri Est (3), Cap Djinet (2), Sebaou (2), Tagdempt (3) et les Salines (1). Tandis que l'on n'a enregistré aucun projet dans celle de Boudouaou El Bahri. La wilaya a proposé l'inscription de 14 autres zones touristiques dans les communes de l'intérieur pour le tourisme de montagne et de loisirs. On a cité Bouzegza, Keddara, Larbatache, Naciria et Legata. Mais tout cela passe par la sécurité. C'est pourquoi le wali a appelé les citoyens à être vigilants et à contribuer à la lutte antiterroriste disant que « le terrorisme, tout comme les bombes, ne fait pas de discrimination, il cible tout le monde ».