Il fallait beaucoup de patience, d'abnégation et de persévérance pour s'atteler à un labeur colossal, infiniment utile. El Boudali Safir n'en manqua point pour collecter et consigner un legs musical riche et diversifié. Il rajouta même une passion inextinguible et la foi du charbonnier, comme si la tâche n'était pas assez vaste pour assouvir sa curiosité de chercheur exalté, El Boudali Safir s'aventura dans les territoires splendides de la littérature et du théâtre pour les revivifier. Tel est le destin de ce pionnier méritant et besogneux qui naquit à Saïda en 1908. Il faut dire qu'El Boudali Safir vint au monde sous d'heureux présages. Studieux et attentif, il entama des études à l'Ecole normale de Bouzaréah. Il enseigna à Mascara et s'exerça au journalisme. Incontestablement, c'est le théâtre qui le captiva. Il relata les tournées de la troupe de Mahieddine Bachtarzi dans les colonnes de La Voix des humbles, journal créé par des Algériens. L'éveil culturel se forgea. Le travail d'El Boudali Safir, exhaustif et minutieux, toucha le patrimoine littéraire et musical de tout le pays. Cette diversité ne le rebuta pas. Bien au contraire. Ce fut une expérience féconde et enrichissante. Des sillons sont tracés. Des chemins escarpés furent balisés avec une ténacité remarquable. Le patrimoine est collecté et classé. Autre contribution méritante à laquelle ce personnage contribua énormément. Il s'agit des fameuses « Elak » (émissions en langues arabe et kabyle). Il en sera la cheville ouvrière. On retient de son activité débordante ce souci de faire connaître et apprécier tous les registres lyriques du pays. Cette quête d'exhaustivité et ce besoin de rassembler agissent comme des aiguillons. Il insuffla à ses collaborateurs une exigence de rigueur, de méthode qui réduit à sa portion congrue un empirisme envahissant. Des formations musicales sont constituées pour offrir un échantillon diversifié de la musique algérienne. Classique ou populaire. La soif d'entreprendre domine toujours El Boudali Safir. Il devient critique et analyste. Ce qui lui permet de compiler une œuvre dense sur la musique, le théâtre et la littérature. Il participa grandement à la création de l'orchestre de musique classique dirigé par Mohamed Fekhardji. El Hadj M'hamed El Anka se voit confier l'orchestre de musique chaâbie. Mustapha Skendrani, pianiste célèbre et virtuose, est sollicité. L'ambition est réelle. Elle toucha aussi Tlemcen et Béjaïa. El Boudali Safir poursuivra son incessant labeur en faveur de la culture algérienne. Il côtoie, grâce à des écrits, d'éminents écrivains tels Feraoun, Mohammed Dib ou Camus. El Boudali Safir finira ses jours en France où il décéda en 1999.