La flambée des prix du mouton de l'Aïd El Adha occupe le devant de la scène, alimente les propos et nourrit les conversations. Cette spéculation effrénée n'étonne plus personne. Il semble bien que des volontés morbides tendent de l'enraciner dans les esprits, de la tisonner avec la foi du charbonnier et de la ritualiser avec une infinie déviation, puisque l'occasion s'y prête. Comme à son habitude, le citoyen rouspète, s'indigne, s'interroge et capitule devant le fait accompli. Les pouvoirs publics n'en sont pas en reste. Avec quelques points de vente, ils tentent de s'amender, de s'exonérer en évitant, paraît-il, aux acheteurs de se ruiner dans l'affaire. Louable intention qui reste en deçà des attentes et des souhaits. Au risque de faire la fine bouche, il y a des chances d'évoquer l'histoire du cautère sur une jambe de bois. Une remarque s'impose devant cette hausse démesurée des prix. Outre le fait qu'elle aiguise les appétits des maquignons et fortifie leur folle intransigeance, les citoyens ont une part de responsabilité évidente dans ce qui s'apparente à une véritable saignée des bourses et du cheptel. On n'entend presque pas les voix qui appellent à la riposte, à la retenue et au refus des diktats des négociants véreux. La collectivité, dans sa grande majorité, s'habitue au vol qualifié, cautionne des pratiques et des actes souvent honteusement commis. S'agit-il, en conséquence, d'être plus royaliste que le roi ? Faut-il pousser le risque de plaider une prise de conscience, quand beaucoup de concitoyens cèdent facilement au chantage ? En bref, l'appel au bon sens est-il d'une quelconque utilité quand nos compatriotes acceptent les règles d'un marché de dupes ? Mystère.