La créatrice Faïza Antri Bouzar a dévoilé, samedi soir, sa toute nouvelle collection de haute couture, et ce, devant un public assez nombreux. Cette soirée s'est déclinée sous un nouveau concept alliant mode et musique. La scène a été installée au niveau du patio où la chanteuse Kamila Nour et son orchestre ont pris place. Point de podium conventionnel pour défiler, mais un espace libre où les mannequins se devaient de respecter un itinéraire précis. Nul besoin d'accaparer la première rangée pour admirer le dressing offert puis les mannequins qui défilent autour de certaines allées où étaient placés les convives. Les premières notes musicales ont été égrenées devant une assistance composée essentiellement de femmes. L'ambiance se voulait nostalgique. Les premiers couacs ont commencé à se manifester dès que la chanteuse a pris possession du micro. La sonorisation était des plus défaillantes, le public avait du mal à saisir la portée des paroles, les organisateurs auraient pu parer à cet incident sachant que depuis le début du Ramadhan, toutes les soirées ont été entachées par ce bruit strident. Déréglage, défaillance ou encore vétusté du matériel, on n'en saura pas grand-chose des organisateurs. Le premier mannequin - vêtu d'une robe berbère fushia et pistache - fait son apparition sous des youyous stri-dents et sous des notes de musique kabyle. Suivront d'autres interludes musicaux et d'autres prestations vestimentaires. Riche de vingt deux tenues, la garde-robe de Faïza Antri Bouzar s'est caractérisée par une richesse au niveau de la broderie et des parsementeries. Fushia L'ensemble des tenues a été conçu en un mois et demi. Cette collection s'est voulue un genre mosaïque de toutes les régions d'Algérie avec en prime une ode au modernisme. Les deux couleurs fétiches de la créatrice sont le fushia et la pistache. Elle en a abusé à outrance. L'Algéroise est enveloppée doublement dans un pantalon Aladin et un seroual vert émeraude «medouar» porté sur un karakou grenat travaillé à la «fetla». Un autre modèle bleu turquoise est à retenir, celui d'un seroual «chalqa» et d'un gilet finement décoré avec des pierres swarsky et de la fetla. La mariée, accompagnée d'une fille d'honneur, s'est distinguée par un bedroune blanc, une veste trois quarts et un long voile scintillant lui recouvrant le visage. Les précieux accessoires utilisés sont venus de la bijouterie familiale Antri Bouzar. Si certaines tenues ont certes brillé par une découpe parfaite, il n'en demeure pas moins que d'autres tenues, dépourvues de tombée, mériteraient d'être reprises ou revisitées. Le talent est bien présent, mais la rapidité dans laquelle a été préparée cette collection a entraîné ces petites imperfections. Passion d'enfance Pour rappel, Faïza Antri Bouzar a été élevée dans une famille d'artisans bijoutiers. La genèse de la bijouterie Antri Bouzar remonte à 1948. Dès son jeune âge, elle griffonnait de beaux dessins sur n'importe quel support. A16 ans, elle dessinait des collections entières de bijoux. Elle se rend compte que le dessin occupe une place de choix. Une fois le baccalauréat décroché, elle entame des études de commerce en France, en prévision de la gestion de l'entreprise familiale. Fraîchement diplômée, elle est sollicitée par son père pour gérer une vingtaine d'employées de l'entreprise familiale. Versée dans la vie active, elle se retrouve, pendant quatre ans, au cœur de l'entreprise et promue chef d'atelier. Elle se familiarise davantage avec ce métier de bijoutier qu'elle connaissait relativement assez bien. Une fois sortie de l'atelier, elle se lance dans le marketing et dans le management. Jusque-là, elle mène une vie ordinaire sans relief jusqu'au jour où elle est sollicitée, en 2007, toujours par son père, pour rénover, en compagnie de son frère, une des bijouteries familiales. Ne se faisant pas prier, Faïza se lance alors dans ce projet prometteur. Le succès est tel que ses proches lui conseillent de se lancer dans la haute couture. Déterminée à aller au bout de ses aspirations les plus profondes, elle réalise son vœu, en 2009, en se lançant dans l'univers de la haute couture. Elle met sans regret toutes ses économies pour ouvrir dans un premier temps un atelier, et dans un second, une boutique. Elle reconnaît qu'elle n'est pas une femme du métier, mais estime qu'elle a un rapport particulier avec les tissus et les couleurs. Ses dessins et ses prototypes de broderies se comptent à l'infini, c'est du moins ce qu'elle nous a confié.