Après avoir invité la presse à une conférence de presse, le directeur général des Douanes, Sid Ali Lebib, a préféré répondre à trois questions uniquement, arguant du fait qu'il avait un engagement important. Le premier responsable des Douanes a parlé de l'assainissement au sein de son institution, en citant, comme exemple, les enquêtes déclenchées dans les recettes d'Alger-port, de Skikda et de Ghazaouet. Des recettes qui, faut-il le préciser, ont été secouées, durant l'année écoulée, par des scandales liés à des détournements de fonds. « C'est le résultat du programme de contrôle de nos services entrant dans le cadre de l'assainissement, et Dieu merci, ce sont nos agents qui ont découvert le pot aux roses. Que voulez-vous, les voleurs sont partout, y compris parmi nous... », a-t-il expliqué. Abordant la question relative à l'affaire qui vient d'éclabousser la recette douanière de Ghazaouet, le directeur général a déclaré : « Nos services de contrôle ont découvert que l'importateur dédouanait sa marchandise en présentant des chèques en bois. Ces derniers restaient bloqués au niveau du trésor jusqu'à une année. Deux plaintes ont été déposées par nos services qui, faut-il le noter, n'ont toujours pas terminé le contrôle de toutes les opérations... » Il a rappelé l'affaire de l'importation d'un doc flottant très vétuste, déclaré par son propriétaire trois fois sa valeur, au port de Mostaganem. « Il y a eu fausse déclaration sur l'espèce et la valeur. La première inspection n'a pas abouti aux résultats escomptés. Mais la seconde a permis de découvrir que le doc, déclaré à 29 millions d'euros, ne coûtait que 3 millions d'euros. L'affaire a été traitée par la justice, qui a condamné l'importateur, un Syrien, à une peine de 4 ans de prison. Nous avons fait appel pour exiger quatre fois la valeur du produit importé... » Le directeur général a également fait état de pratiques illégales par de grandes sociétés étrangères installées à Illizi et qui consistent en la location ou la cession de matériel introduit en Algérie, dans le cadre du régime de l'admission temporaire, à des sommes colossales. Sid Ali Lebib a refusé de donner les noms de ces entreprises, encore moins le secteur d'activité concerné. « Ce sont de grandes sociétés installées en Algérie, et nous ne voulons pas qu'elles partent. Je peux vous dire, cependant, qu'il s'agit de centaines de milliards de dinars récupérés au profit du Trésor public... », a-t-il lancé. Contrebande accrue dans les régions ouest et sud-ouest Interrogé sur la situation socioprofessionnelle des douaniers, notamment le statut d'intérimaire pour les cadres de l'institution, M. Lebib a affirmé : « Des réponses favorables ont été données par la tutelle sur beaucoup de revendications. Néanmoins, en ce qui concerne les salaires, moi-même je suis pour une augmentation, mais elle ne peut avoir lieu que dans le cadre de la prochaine tripartite. Ce problème est donc pris en charge à un très haut niveau et me dépasse en tant que directeur général. Pour ce qui est des cadres centraux, nommés par décret présidentiel, et qui assurent leur mission en tant qu'intérimaires, leurs dossiers ont été remis à l'ancien ministre des Finances, puis à l'actuel, et nous attendons des réponses. » Sur le volet de la contrebande, le patron des Douanes a indiqué que les régions ouest et sud-ouest restent les plus touchées par le phénomène, notamment par le trafic de stupéfiants, de tabac et de carburant. Ainsi, durant l'année 2005, 8272 infractions ont été enregistrées. Le trafic de carburant vient en première position avec 460 affaires, la saisie de 573 152 litres de gasoil et d'essence et une amende de 200 millions de dinars. Le trafic de tabac vient en seconde position avec 331 affaires qui se sont soldées par la saisie de 884 698 cartouches et une amende de plus de 2 milliards de dinars. Les services des Douanes ont saisi 4,242 t, durant 2005, dont l'amende s'élève à plus de 464 millions de dinars. Le 28 décembre dernier, les mêmes services ont intercepté 290 kg de kif traité et conditionné en plaquettes de 200 g, bien aménagé dans le double châssis d'un véhicule qui devait être embarqué sur un navire à destination de Marseille, en France. L'affaire, a affirmé le directeur général, est en cours d'instruction. La contrebande d'alcool, avec 73 affaires et 152 millions de dinars d'amende, le trafic de stupéfiants avec 34 affaires 4,32 tonnes de drogues saisies et plus de 764 millions de dinars d'amende. M. Lebib a relevé que l'année 2005 a été historique en matière de saisies d'articles pyrotechniques avec 2 935 833 000 unités récupérées et une amende de 594 663 506 DA d'amendes, ajoutant toutefois que les propriétaires de cette marchandise restent, dans la majorité des cas, des prête-noms. La saisie des métaux précieux a permis à l'administration de récupérer 42,63 millions de dinars en amendes et 20,69 kg d'or, 11,97 kg d'argent et 9,84 kg de perles précieuses.