Un minisommet de l'Union africaine (UA) se tiendra aujourd'hui dans la capitale libyenne, Tripoli, en vue d'accélérer le processus de paix au Darfour (ouest) et de chercher également les moyens de trouver une solution au différend opposant le Tchad au Soudan. La rencontre devra réunir les chefs d'Etat de cinq pays africains, à savoir le Soudanais Omar al-Béchir, le Libyen Mouammar Kadhafi, le Nigérian Olusegun Obasanjo, qui est également le président en exercice de l'UA, le Tchadien Idriss Deby et le Centrafricain François Bozizé. Une source diplomatique à Tripoli avait avancé, lundi dernier, un report de la rencontre en raison, selon elle, du refus du Tchad d'y prendre part à cause de la crise l'opposant au gouvernement soudanais. Mais M. Obasanjo a confirmé hier que le minisommet « aura bien lieu » comme prévu, aujourd'hui à Tripoli. Le but de la rencontre est de donner un « coup d'accélérateur » au processus de paix au Darfour qui est au ralenti. Cette province de l'ouest du Soudan est déchirée depuis près de trois ans par un conflit armé entre une rébellion locale et les forces gouvernementales. Un nouveau round de pourparlers entre le gouvernement soudanais et les rebelles pour la paix du Darfour a été déjà lancé, mardi dernier, dans la capitale nigériane, Abuja, sous la médiation de l'UA, après une pause pendant la période de Noël. Les discussions ont repris au niveau des trois commissions sur la sécurité, le partage des richesses et le partage du pouvoir, avait précisé un porte-parole de l'organisation panafricaine, Noureddine Mezni. Le processus de paix avait déjà été entravé à maintes reprises en raison notamment des violences sur le terrain et des violations de cessez-le-feu par les rebelles. La rencontre de Tripoli vise ainsi à constituer un tremplin pour le processus de paix et de lui donner une nouvelle dynamique en vue d'un règlement d'un conflit qui, depuis son déclenchement en février 2003, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, provoqué le déplacement de plus de 2,5 millions de personnes, engendrant une grave crise humanitaire. Samedi dernier, M. Obasanjo avait reçu le médiateur des pourparlers de paix intersoudanais, Salim Ahmed Salim, qui l'a mis au courant dans le détail sur l'évolution du 7e round des négociations de paix sur le Darfour. Les entretiens ont également porté sur le minisommet de l'UA en Libye. Les participants à la réunion de Tripoli devront également se pencher sur le « différend qui a empoisonné » les relations soudano-tchadiennes ces dernières semaines. La tension est montée entre les deux voisins sur fond d'accusations mutuelles, N'Djamena accusant Khartoum de « donner refuge à quelque 300 rebelles tchadiens » et le Soudan accusant le Tchad de « mener des opérations militaires en franchissant les frontières ». Après avoir accusé le Soudan d'« abriter les rebelles tchadiens qui ont attaqué le 18 décembre la localité d'Adré », située à la frontière commune, le Tchad s'était déclaré « en état de belligérance ». La situation est restée tendue en dépit des appels à la retenue et au dialogue pour mettre un terme à la crise ainsi que les mises en garde contre toute escalade. Des Etats voisins ainsi que les organisations régionales et internationales ont fait part de leur disposition à assurer la médiation et lancer des négociations en vue d'un règlement du problème par les moyens diplomatiques. Le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, a mis en garde contre une escalade de la tension entre les deux pays, risquant de conduire à une « catastrophe » dans la région. « Nous avons une situation très difficile au Darfour (province du Soudan voisine du Tchad), si aujourd'hui il doit s'y ajouter des complications entre le Tchad et le Soudan, cela va être une catastrophe », a-t-il prévenu. Pour sa part, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a exhorté les deux pays à faire prévaloir le dialogue pour régler leurs différends et « éviter qu'une guerre n'éclate ». L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a invité, de son côté, les deux voisins à « faire preuve de retenue » suite aux incidents survenus à leur frontière commune.