Dans plusieurs services hospitaliers, les chirurgiens prennent, actuellement, le risque d'opérer les malades sans les produits nécessaires tels que l'adrénaline. Les déclarations à propos de la pénurie de médicaments dans les hôpitaux et officines qui affecte sérieusement les malades se multiplient. Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui nie toute rupture de stocks des produits pharmaceutiques, vient d'être contredit par le directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), premier fournisseur des hôpitaux publics. Dans une déclaration à l'APS, M. Delih, le directeur de la PCH, avoue que de fortes perturbations dans l'approvisionnement des hôpitaux pour le traitement du sida, du cancer et de l'insuffisance rénale ont été enregistrées ces derniers mois. Mais il rassure que son établissement est sur le point de procéder à «la distribution graduelle de certains médicaments ayant enregistré dernièrement des perturbations, dont un stock suffisant de ces médicaments est actuellement disponible». Il signale que la priorité a été accordée aux hôpitaux de l'ouest du pays qui ont vécu une situation particulière. Il y avait donc des malades qui sont restés sans traitement durant plusieurs semaines. Un drame pour des dizaines de malades que le ministre de la Santé veut minimiser et imputer la responsabilité à une mafia dont on ne dit pas le nom, à des distributeurs et aux importateurs. Les déclarations du Dr Delih montre qu'il s'agit bien d'un aveu d'un responsable conscient du danger et de l'incapacité aujourd'hui de son établissement d'en assumer les responsabilités. Plusieurs autres produits aussi importants manquent dans les hôpitaux et les pharmacies. Dans plusieurs services hospitaliers, les chirurgiens prennent actuellement le risque d'opérer les malades sans les produits nécessaires tels que l'adrénaline. «C'est un sérieux problème que nous vivons vu le nombre important d'enfants programmé pour la circoncision ces derniers jours», nous confie un chirurgien avant de signaler que beaucoup d'autres médicaments ne sont pas disponibles. Ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres. Le directeur de la PCH, qui a préféré utiliser le mot «perturbation» au lieu de rupture, impute la responsabilité à la disposition du crédit documentaire à laquelle doivent se plier les opérateurs qui fournissent ces médicaments aux pharmacies. Ce qui rend également la tâche très difficile pour son établissement d'assurer l'approvisionnement pour des difficultés financières très importantes. Il avoue que «la PCH n'est pas en mesure d'assurer l'approvisionnement et maintenir un stock de sécurité de médicaments pour une durée de six mois. Répondre aux besoins des structures de santé en matière de produits pharmaceutiques et assurer un stock de médicaments pour une durée de six mois sont les principales missions de la PCH», a-t-il indiqué, avant de préciser que «la situation financière de la PCH ne lui permet pas d'assumer le rôle qui lui est dévolu». Des appels d'offres sans résultat D'ailleurs, les appels d'offres lancés par la PCH le mois d'avril dernier sont restés à ce jour sans aucun résultat. L'approvisionnement auprès des opérateurs privés algériens risque aussi de connaître d'énormes problèmes en raison du non-paiement des créances par la PCH. «Notre argent sert à ouvrir des lettres de crédit et payer les fournisseurs étrangers», regrette un opérateur. La PCH, a rappelé le Dr Delih, gère 800 dénominations communes internationales (DCI) et 3000 consommables médicaux et elle devrait récupérer octobre prochain ses créances auprès des hôpitaux en vertu de l'ordonnance du ministère de la Santé leur mandant de s'en acquitter. Il appelle les pouvoirs publics à exempter les produits pharmaceutiques de son établissement des dispositions de loi sur les marchés publics. «Les médicaments ne doivent pas être soumis aux mêmes dispositions que celles imposées aux autres produits importés», a-t-il ajouté, et de confier l'importation des produits pharmaceutiques entrant dans le cadre des programmes de prévention à la PCH en vue d'éviter «les ruptures répétées. Il n'existe aucune institution étatique devant prendre en charge la non-disponibilité de ces produits en cas de défaillance des opérateurs privés».