Pour la classe politique française, la chute du guide libyen est une affaire de jours, voire d'heures. Gouvernement et opposition pensent à l'après-Mouammar El Gueddafi. Paris veut réunir le groupe de contact rapidement. Si le conflit afghan fait polémique, la guerre en Libye jouit d'une plus grande unanimité. Paris. De notre correspondant
Pour l'Europe, la messe est dite. Pour celui qui se serait réfugié dans un bunker, ce n'est qu'un énième dictateur dont l'histoire est émaillée. Mouammar El Gueddafi ne gouverne plus rien, tout juste un palais assiégé. En France, la peur d'un nouvel Irak domine tous les esprits. Paris souhaite accueillir prochainement une réunion du groupe de contact sur la Libye afin de rédiger une «feuille de route». «La France n'a pas de certitude sur le sort du dirigeant libyen, mais son régime est désormais moribond. La cause que nous défendions était juste. C'est fini», estime le chef de la diplomatie française qui précise que Nicolas Sarkozy s'entretiendrait ce jeudi par téléphone avec le président du Conseil national de transition (CNT), Moustafa Abdeljalil. Alain Juppé se projette déjà dans l'après-Gueddafi : «Il appartient aux Libyens et aux Libyens seuls de choisir leur avenir et de construire la Libye nouvelle, qui sera une Libye démocratique. La France souhaite aussi que la communauté internationale, maintenant, anticipe et accompagne les nouvelles autorités libyennes, et c'est la raison pour laquelle nous proposons une réunion extraordinaire du groupe de contact au plus haut niveau dès la semaine prochaine pour fixer ce nouveau plan d'action aux côtés des autorités libyennes.» Pour le locataire du Quai d'Orsay, l'Union africaine, la Ligue arabe, l'ONU, l'Union européenne, les Etats-Unis et tous les pays qui souhaiteront y participer seront les bienvenus. Kaboul n'est pas Tripoli Le candidat à la primaire du Parti socialiste, François Hollande, anticipe sur les risques politiques après la prise de Tripoli par les insurgés. «On a le sentiment que tout va commencer. Quelle va être la capacité de cette coalition hétéroclite de faire véritablement un changement ? Tous les dictateurs qui ont été chassés par leur peuple doivent être soumis à la justice internationale.» Si troupes il doit y avoir de maintien de la paix pour éviter une répression à l'envers et de nouveaux massacres, il faut que ce soit l'ONU ou l'Union africaine si elle en reçoit mandat de la part de l'ONU. Le centriste François Bayrou souhaite que Mouammar El Gueddafi passe devant un tribunal. «Je veux avoir une pensée pour les victimes de Lockerbie tuées par le fanatisme d'El Gueddafi. C'est un événement qui marque une page et c'est un succès pour les amis de la liberté. El Gueddafi doit être arrêté et jugé.» Si trois Français sur quatre sont contre la présence de l'armée française en Afghanistan, l'engagement en Libye semble faire plus de consensus.