Les insurgés ont donné aux pro-El Gueddafi jusqu'à samedi pour se rendre. Pour eux, Mouammar El Gueddafi, recherché tous azimuts, est «très certainement» toujours en Libye et le chargé des affaires intérieures du pays, Ahmad Darrad, a estimé qu'il était de leur «droit de le tuer» s'il ne se rendait pas. Sur le plan financier, l'Union européenne pourrait lever demain une partie de ses sanctions visant la Libye. Une semaine et demie après l'entrée des troupes rebelles à Tripoli, le 21 août, à l'issue d'un soulèvement armé qui avait débuté à la mi-février, plusieurs dizaines de milliers de Libyens ont marqué, mardi dernier, l'Aïd El Fitr par une prière collective sur la place des Martyrs, ancienne place Verte, dans la capitale «libérée». Les rumeurs abondaient, ces derniers jours, selon lesquelles Mouammar El Gueddafi préparerait «une surprise» pour l'Aïd, qui coïnciderait avec le 42e anniversaire de la révolution, qui l'a porté au pouvoir le 1er septembre 1969. Quant au front ouest de Syrte, région d'où est originaire l'ancien guide libyen et où il aurait pu trouver refuge, il restait calme hier matin, aucune activité notable n'étant à signaler, selon des sources rebelles. Mouammar El Gueddafi est très certainement en Libye, selon des responsables rebelles. «L'information que j'ai est la suivante : El Gueddafi est quasi certainement, à 80%, encore en Libye», a indiqué Omar Hariri, chargé des affaires militaires à Tripoli. «Nous pensons qu'il est en Libye (...). C'est notre droit de le tuer», a estimé Ahmad Darrad, chargé des affaires intérieures du pays. Hier, les rebelles ont affirmé avoir arrêté, alors qu'il tentait de fuir vers la Tunisie, Nagi Ahrir, un haut gradé proche du premier cercle du colonel El Gueddafi, espérant qu'il les mettra sur la piste de l'ex-homme fort. Dans un entretien, hier, au journal égyptien Al Ahram, le chef des rebelles, Moustapha Abdeljalil, a indiqué vouloir capturer Mouammar El Gueddafi «vivant pour qu'il soit jugé». Mardi, il avait adressé un ultimatum expirant samedi aux forces loyalistes dans les derniers fiefs du régime, dont Syrte, pour qu'ils se rendent, faute de quoi ils s'exposeraient à des opérations militaires. «Cette fenêtre d'opportunité expirera à la fin de l'Aïd El Fitr. A partir de samedi, si une issue pacifique n'est toujours pas en vue sur le terrain, nous pourrons faire la différence militairement», a déclaré M. Abdeljalil. De son côté, l'OTAN a indiqué hier avoir accentué ses frappes sur les villes libyennes de Syrte, région d'origine du dirigeant en fuite Mouammar El Gueddafi, et de Bani Walid, une localité au sud-est de Tripoli où le guide aurait pu trouver refuge, selon la rébellion. Mouammar El Gueddafi conserve une capacité «à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui des armes», a assuré le porte-parole de l'opération «Protecteur unifié», le colonel Roland Lavoie. La chute de Syrte marquera la fin du régime, a estimé le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. La mission de l'OTAN «se conclura quand la Libye sera libre», a-t-il déclaré, ajoutant que le mandat actuel de la mission arrivait à terme fin septembre. D'autre part, Amnesty International s'est alarmée des cas de mauvais traitements par les combattants anti-El Gueddafi sur des personnes suspectées d'avoir combattu au sein des forces loyalistes, en particulier les Noirs et les Africains subsahariens, qui sont, selon AI, en situation de «grand risque». Médecins sans frontières (MSF) a souligné que des «centaines de migrants et de réfugiés vulnérables» vivent dans «des conditions épouvantables, sans accès à des soins médicaux adaptés et sans garantie de sécurité» à Tripoli.