Il a été arrêté à son arrivée sur le territoire algérien le 18 août dernier. Ancien sous-officier du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Bachir Belharchaoui, 44 ans, a été arrêté le 18 août dernier à l'aéroport international Houari Boumediene. Débarquant à Alger pour renouveler ses droits à la retraite, il a été détenu durant deux jours, pour être par la suite transféré au tribunal militaire de Blida. Mais pour quels motifs ? Selon le site dédié aux droits de l'homme en Algérie, Algeria Watch, «Belharchaoui est accusé par le DRS de trahison, intelligence avec l'ennemi et divulgation de secrets militaires». Ses proches rapportent au site que cet ex-sous-officier a été «torturé». «Son père de quatre-vingt-dix ans, accompagné de son jeune frère, l'un et l'autre vivent en Algérie, va à sa rencontre et le voit à distance, à la porte du tribunal de Blida. Ils découvrent alors qu'il a été affreusement torturé : visage tuméfié, la démarche difficile. Il les voit mais peut à peine les saluer. Son père perd connaissance à la vue de son fils», peut-on lire. D'origine algérienne, Bachir Belharchaoui est également détenteur de la nationalité française. Il vit en France depuis 1994 à Tatare, près de Lyon, département du Rhône. Il est marié à une française. Il est père de 3 enfants. C'est peut-être la raison pour laquelle le communiqué sur internet n'a pas laissé les autorités françaises insensibles. «Algeria-Watch rappelle au gouvernement français qu'il est de sa responsabilité de tout mettre en œuvre auprès des autorités algériennes pour assurer la protection de ce ressortissant français et enjoint le gouvernement algérien à respecter ses engagements en agissant urgemment pour garantir son intégrité physique et le libérer», est-il noté. L'avocat choisi par la famille pour défendre Bachir Belharchaoui est Me Amine Sidhoum. Contacté hier, il dit que «le dossier pour la défense de M. Belharchaoui sera déposé cette semaine au tribunal militaire de Blida. Il faut, en revanche, attendre une semaine pour connaître la décision du président du tribunal, s'il accepte ou pas la défense de l'inculpé». Notre interlocuteur détecte, cependant, des incohérences. «Nous allons demander au président du tribunal militaire de transférer l'affaire à un tribunal civil. Belharchaoui a quitté le corps de l'armée en 1993. Nous remarquons une violation du code de procédures», a-t-il affirmé. L'avocat n'a toujours pas eu l'occasion de rencontrer Belharchaoui. «Le père et le frère ont fait part sur un site de la torture subie par leur proche. De mon côté, j'attends la décision du président du tribunal et je ferai par la suite mon constat.» Dans le même sillage, selon un avocat exerçant dans l'Hexagone, qui compte défendre Belharchaoui conjointement avec Me Sidhoum, «le Quai d'Orsay a interpellé la présidence de la République algérienne et le ministère des Affaires étrangères pour connaître le sort de Belharchaoui et le pourquoi des poursuites judiciaires». Cette intervention du département d'Alain Juppé est à prendre au sérieux. Ces derniers mois, la France n'a pas été tendre avec l'Argentine, la Colombie et le Mexique, où des ressortissants français ont été exécutés, kidnappés ou retenus de force par les autorités locales. Vu les relations électriques entre Alger et Paris, il n'est pas à exclure que si l'affaire Belharchaoui n'est pas résolue dans les meilleurs délais, l'idée d'un incident diplomatique n'est pas à écarter.