A l'occasion de la commémoration du 10ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, Stephen Harper, le premier ministre canadien s'est illustré pas une déclaration qui, dans le contexte du Canada, pourrait être prise pour de la rhétorique anti-musulmane. Lors d'une longue interview diffusée sur la chaîne publique anglophone CBC, il a affirmé que « l'islamisme représentait la plus importante menace pour la sécurité du Canada ». Cette déclaration a fait réagir certaines associations de musulmans du Canada dont le Conseil suprême islamique du Canada (CSIC) et le Congrès islamique canadien (CIC). Selon le site internet de Radio Canada, « le CSIC trouve inacceptable que le premier ministre associe l'islam au radicalisme et au fanatisme, alléguant que ces attitudes sont non islamiques et que les musulmans canadiens ne reconnaissent pas « islamique » une personne impliquée dans des activités terroristes.». « Si les musulmans n'associent aucun fanatique, extrémiste, terroriste, avec l'islam, qui a donné le droit à un premier ministre chrétien d'associer de telles personnes avec notre religion? », demande-t-il dans un communiqué. « Nous travaillons avec énergie pour réunir les gens de toutes les croyances afin de combattre l'extrémisme et le radicalisme, mais les commentaires de M. Harper sur l'islam ont nui à ces efforts », ajoute-t-il. Le conseil demande, dans le même communiqué, aux musulmans, mais aussi à tous les Canadiens, d'appeler le bureau du premier ministre ou de lui envoyer des courriels afin qu'il s'excuse publiquement de ces propos insultants « la foi de 1,6 milliard de musulmans». De son côté, la présidente du Congrès islamique canadien trouve que « les commentaires de M. Harper ciblent injustement la communauté musulmane, et c'est inapproprié, particulièrement de la part du premier ministre ». « Je lui recommande fortement de prendre des mesures afin d'engager le dialogue avec la communauté musulmane », a-t-elle ajouté. Cette sortie de Stephen Harper à la tête d'un gouvernement conservateur majoritaire, intervient sur fond de préparation de l'opinion, à la réintroduction de certaines mesures de la loi anti-terroristes qui permettent à la police d'arrêter quelqu'un sans mandat et de le détenir pendant trois jours sans porter d'accusation. Pierre Allard, éditorialiste au Journal Le Droit se demande à propos des déclarations du premier ministre canadien si on doit «comprendre que le premier ministre, pour pouvoir sabrer dans les libertés civiles de tous les Canadiens, utilisera la vieille tactique de la peur en mettant l'accent sur une éventuelle attaque terroriste islamiste ? Se rend-il compte de l'effet corrosif de pointer du doigt une ethnie et une religion ? » Sur internet, la sortie du premier ministre était une belle occasion pour certains de forcer sur la confusion islam, musulmans, islamisme et terrorisme. Ceci n'a pas empêché quelques commentaires empreints de sagesse. « Quand on est Premier ministre d'un pays qui compte un million de musulmans, on ne fait pas ce genre de déclaration qui ne manifeste qu'ignorance et préjugés. Il aurait pu dire que le terrorisme et le fanatisme représentent un danger, pas qu'une religion, pratiquée par 1,6 milliards d'êtres humains, représente un danger », peut-on lire dans un commentaire sur le site de Radio-Canada.