Début août, la Russie a jeté un pavé dans la mare arctique en envoyant une équipe de scientifiques à bord d'un brise-glace au pôle Nord. Cette expédition a planté un drapeau russe symbolique sur le fond marin en forme de prétention aux ressources pétrolières et minérales restant à découvrir dans cette région prometteuse. Ce qui n'a pas été du goût de certains pays comme le Canada. L'affaire prend même l'allure d'une nouvelle guerre froide. Vendredi dernier, le Canada a ainsi fini par réagir. Stephen Harper, son Premier ministre, a déclaré que son gouvernement allait installer deux nouvelles bases militaires dans la région arctique pour asseoir les prétentions de souveraineté canadienne sur le passage nord-ouest et ses engagements à long terme sur les régions polaires. Saisissant justement l'occasion d'un voyage dans le grand Nord, Stephen Harper a répondu à l'initiative russe avec véhémence. « Nous nous trouvons devant l'alternative suivante : soit nous occupons le territoire, soit nous le perdons. Et nous avons l'intention d'être présents », a-t-il affirmé. Il s'est à ce propos montré particulièrement préoccupé par la défense des intérêts pétroliers du Canada dans ces contrées polaires. A signaler qu'en plus de la Russie, la Norvège, les Etats-Unis et le Danemark ont fait également valoir leurs revendications territoriales sur l'Arctique. L'expédition russe, qui a pris de court les Canadiens, a été perçue par Ottawa comme un terrible camouflet au gouvernement de M. Harper qui n'a cessé de bomber le torse depuis son arrivée au pouvoir. L'opposition a particulièrement critiqué ses choix stratégiques, selon Le Figaro qui est revenu depuis peu sur l'affaire. « Harper a acheté huit patrouilleurs à la coque renforcée plutôt que de nouveaux brise-glaces », a regretté Michael Byers, de l'université de Colombie britannique. Les capacités militaires du Canada dans le grand Nord sont, dit-on, bien modestes. Outre une base de 65 soldats à Yellowknife, capitale des territoires du Nord-Ouest, l'Arctique canadien est défendu par 1465 rangers volontaires seulement, pour la plupart inuits, sur un territoire sept fois plus grand que la France. « Le Canada ne pourra jamais se risquer dans un conflit avec les Etats-Unis ou la Russie, car nous perdrions. La meilleure approche serait donc d'opter pour des moyens non militaires pour défendre notre souveraineté », a tenu à expliquer encore Michael Byers.