C'est regroupé dans un « collectif national » que d'anciens athlètes, des champions, ont connu en leur temps la gloire sous le maillot national, des techniciens et des entraîneurs, qui ont formé tant de talents, des dirigeants qui ont voué toute leur vie au vélo, ont pris l'initiative d'adresser un mémorandum au ministre de la Jeunesse et des Sports pour attirer son attention sur la situation catastrophique que traverse le cyclisme national. Un véritable cri de détresse, appuyé par une pétition qui a recueilli quelque soixante-dix signatures parmi les plus prestigieuses figures de la petite reine, pour sensibiliser les responsables au plus haut niveau de la tutelle sur la lente dégradation de cette discipline qui, dans un passé récent, a été une fierté pour le pays, et les amener par conséquent à prendre des mesures salutaires pour lui éviter un sort encore plus dramatique. Le cyclisme se meurt, selon l'analyse de ces anciens champions, et la raison essentielle, qu'ils tentent d'expliquer dans leur démarche, est l'incompétence flagrante de l'actuelle équipe fédérale, qui depuis son intronisation, il y a près d'une dizaine d'années à la tête de cette structure, a mené une politique destructrice avec un système de direction dictatorial, une gestion anarchique, une marginalisation des cadres qualifiés et dévoués. En somme, cette équipe entraînée par le président, qui pense plus à sa propre carrière qu'au développement de ce sport pourtant très prisé par la jeunesse algérienne, a fait le vide autour d'elle dans l'impunité la plus totale. Résultat : hier dominant l'Afrique et le monde arabe, avec une position plus qu'honorable dans le bassin méditerranéen, le cyclisme national est aujourd'hui à la traîne, surclassé par des pays comme l'Egypte, la Tunisie, les Emirats arabes unis, le Burkina Faso et le Zimbabwe dont il servait de référence. Le déclin est consommé et il est urgent de se pencher sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour redonner à la discipline la place qu'elle mérite aussi bien au plan national, qu'international où elle accuse un retard considérable. Les statistiques et les classements de l'Union du cyclisme international (UCI) sont là pour confirmer cette régression. Les auteurs de ce mémorandum, qui affirment agir par esprit de conscience compte tenu de l'état de délabrement dans lequel se trouve ce sport qui leur a donné tant de satisfaction, ont tenu à préciser que leur initiative « ne revendique ni avantages ni statuts, et encore des fonctions ; elle exprime simplement une forte volonté de sensibiliser les pouvoirs publics sur la réalité du cyclisme national qui risque de sombrer dans la catégorie du sport de loisirs et de détente si la situation perdure ». Ils dénoncent la politique d'exclusion envers tous les anciens serviteurs de la petite reine, une pratique érigée en mode de gestion par des dirigeants actuels qui n'acceptent ni débats contradictoires ni critiques, encore moins l'alternance qui devrait être un principe démocratique accepté par tous. A ce propos, ils soutiennent que « la fédération s'est transformée en un appareil permanent électoral, domestiquée par une poignée de gens, sans aucune alternative que de se servir et perdurer ». Son président, ajoutent-ils, s'est organisé de manière quasi méthodique depuis deux années pour préparer et assurer, à l'aide d'artifices réglementaires, sa propre succession. Que sont devenus les hommes du cyclisme, les anciens athlètes et les champions ? Le matériel, les finances, la renommée de la discipline ? s'interrogent-ils dans ce document qui fait par ailleurs un parallèle implacable entre le palmarès d'hier et l'amer constat d'ajourd'hui. En conclusion, il y a vraiment péril en la demeure, et c'est pour y remédier que la tutelle a été saisie. Autant dire qu'il y a un travail de réhabilitation de la discipline à entreprendre qui doit commencer par un assainissement des structures de base. Une œuvre de salubrité publique, si on ose dire, qui doit bannir toute idée de compromission, à l'image de la commission d'inspection par la tutelle de l'ancien centre du cyclisme de Rouiba (nov. 2004) qui n'a jamais connu de suite malgré un rapport accablant sur les travers de la gestion de ce centre.