La salle El Mougar a accueilli la projection en avant-première mondiale du film La Trahison. Visiblement ému, Philipe Foucou, le réalisateur présent à cette occasion en Algérie, est revenu succinctement sur le travail qui l'a tenu en haleine et dont l'Algérie a été le décor. « Autant on a trouvé une aide ici, autant il y a eu des suspicions de l'autre côté de la Méditerranée », dira-t-il. Claude Sales qui a écrit le livre dont a été tirée l'histoire tenait à rappeler son parcours qui ressemble tant à celui des personnages du film. Sous- lieutenant pendant la guerre d'Algérie, il servira sous le drapeau tricolore de la période comprise entre 1958 et 1962 avec des appelés algériens de souche. « Ils sont quatre soldats, dont un caporal répondant au nom de Tayeb. Toutefois, un jour tout a craqué », signalera Claude Sales. Il rappellera que le travail cinématographique peut être vu par certains comme un de plus (de trop). Le vœu est celui d'ouvrir les voies du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée, et même dans la société française qui a des soucis avec les citoyens venus des ex-pays colonisés. Tayeb, Ali Hachemi et Ahmed sont ces quatre appelés qui se trouvent dans la section de Rock. Celui-là est aux petits soins avec ses soldats arabes. Mais on lui signale un mouvement suspect parmi ces derniers, cependant il n'en est pas certain. Les soldats remarquent au fil du temps les suspicions de leurs amis et ils veulent quitter la barque. On le fera pour eux. Le film, harassant par moments, nous renseigne sur le problème de l'intégration des enfants supposés français. A la question de l'un des soldats arabes sur leur devenir, le lieutenant avouera son impuissance. « Je ne suis ni de Gaulle et je ne peux avoir aucune influence sur les événements », leur rétorquera-t-il. C'est dire l'impuissance des meilleures volontés à changer le cours de l'histoire. On les a trahis, signalera à la fin du film Rock, lieutenant de la section. En vain. Les choses ont tourné. On peut parfaitement voir alors avec les yeux d'aujourd'hui, contrairement à ce qu'affirme l'adage.