Hors-la-loi, le film controversé, a été projeté, jeudi soir en avant-première, à la salle El Mougar. Le dernier film de Rachid Bouchareb portant sur la Guerre d'Algérie n'a décroché aucun prix à la 63e édition du Festival de Cannes et cela n'a rien à voir avec la controverse qui a été suscitée autour de cette fiction. C'est ce qu'a affirmé le réalisateur du film Hors-la-loi, Rachid Bouchareb. En compétition officielle dans l'une des plus prestigieuses manifestations cinématographiques, Hors-la-loi avait déclenché alors une polémique sans précédent. Avec ce film, ce cinéaste est revenu sur la lutte du peuple algérien contre l'une des plus grandes puissances coloniales et ce à travers le destin de trois frères: Abdelkader (Sami Bouajila), Saïd (Jamel Debbouze), et Messaoud (Roschdy Zem). Hors-la-loi commence là où s'est arrêté Indigènes (réalisé en 2006). En effet, cette fiction se situe dans la période allant de 1925 à 1962, l'année de l'Indépendance de l'Algérie. Le film évoque également, mais «brièvement», les massacres du 8 Mai 1945 et l'évolution de la Révolution algérienne, notamment en France. Avant même l'avoir vu, le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, avait été l'initiateur de la controverse. Des organisations de pieds-noirs et d'anciens appelés d'Algérie se sont constitués en bloc et une campagne a vu alors le jour contre la projection du film dans cette manifestation cannoise. Bien des décennies après, il semble que l'histoire coloniale de la France est toujours sujette à controverse. «En France, il y a encore un peu de réticence aux sujets qui traitent du passé colonial de la France. Pour moi, ça provient d'une minorité de gens qui sont nostalgiques de ce passé», a fait remarquer Rachid Bouchareb lors d'un point de presse organisé lors de la projection du film en avant-première qui a eu lieu dans la soirée de jeudi dernier. Il s'agit de la deuxième projection du film en avant-première en Algérie. Présente à l'événement, la première responsable du département de la culture, Khalida Toumi, a mentionné que cette avant-première a été programmée à l'occasion du 48e anniversaire de l'Indépendance et la Fête de la Jeunesse «Le réalisateur a donné avec ce film un aperçu de ce qu'a vécu le peuple algérien de 1925 jusqu'à 1962», a-t-elle précisé. Revenant sur la polémique que le film avait suscitée en France, la ministre de la Culture a noté: «Il y a des mouvements en France qui n'arrivent toujours pas à accepter le passé colonial de ce pays. Mais ces mouvement n'ont pas d'avenir, on ne peut cacher la vérité. L'histoire ne peut être enterrée indéfiniment.» Et d'ajouter: «J'espère qu'il y aura d'autres films de ce genre.» Il est à noter que l'Algérie avait participé à la production de ce film franco-belgo-tuniso-algérien à hauteur de 25%. Ce réalisateur franco-algérien avait bénéficié également de nombreux avantages. Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Chafia Boudraâ, Ahmed Benaïssa et Bernard Blancan étaient tous présents à cette avant-première qui a eu lieu à la salle El Mougar à Alger. «J'ai rencontré des anciens membres de la Fédération de France du FLN qui m'ont apporté des témoignages poignants sur l'époque de la colonisation française. J'ai également vu beaucoup de documentaires et d'images sur la Guerre d'Algérie. Donc, je me suis dit, voilà, le moment est venu pour faire un film là-dessus. L'histoire d'Algérie m'intéresse beaucoup», a déclaré le réalisateur d'Indigènes lors du point de presse. Concernant la polémique, il a fait observer: «Elle a beaucoup contribué à la promotion à l'échelle mondiale et puis ces gens ont le droit de s'exprimer.» Jamel Debbouze a fait remarquer, pour sa part: «On n'est pas là pour juger l'Histoire, mais pour la raconter... je suis chez moi partout et nulle part.»