Aucune autre actualité n'a pu éclipser la situation en Irak avec de nouveaux attentats, la perspective de formation d'un nouveau cabinet, mais aussi pour l'Administration américaine des erreurs monumentales sur le montant de la guerre qui s'élève à des milliers de milliards de dollars, de quoi donner des sueurs froides au contribuable américain, à moins que d'autres sources de financement soient mises à jour et exploitées. C'est pourquoi le président américain George W. Bush a appelé les membres de la communauté internationale à annuler les dettes de l'Irak et de tenir « aussi vite » que possible leurs promesses : la reconstruction du pays. L'Irak n'est donc plus seulement un immense bourbier, mais un véritable tonneau des Danaides qui absorbe l'argent de la guerre et celui de le reconstruction. Pour le moment, c'est encore l'arbre à palabres avec des nouvelles tractations qui traduisent tout l'enjeu du pouvoir que la lutte contre le régime de Saddam Hussein arrivait à dissimuler. Depuis l'entrée des troupes américaines, le jeu devient plus clair. C'est ainsi que les tractations pour la formation d'un exécutif irakien doivent reprendre ces jours-ci, soit juste après l'Aïd et la publication attendue des résultats définitifs des élections législatives du 15 décembre. Le président irakien Jalal Talabani a estimé possible la mise en place d'un gouvernement « dans un délai d'un mois ». M. Talabani et le chef de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, ont eu ces dernières semaines des séries de consultations préliminaires avec les chefs des listes aux élections législatives. Les deux chefs kurdes estiment nécessaire un gouvernement d'union nationale et M. Talabani a défendu encore une fois cette idée en insistant sur le fait qu'un tel gouvernement doit inclure tous les groupes politiques tout en respectant leurs poids respectifs dans le futur Parlement. Pour le président irakien, il ne devrait y avoir dans le prochain gouvernement aucun groupe qui soit perçu comme hégémonique, et il a demandé une nouvelle fois des prérogatives plus élargies pour le chef de l'Etat, lui dont la candidature à ce poste a été posée par l'alliance kurde. Les résultats définitifs des législatives sont toujours attendus, près d'un mois après la consultation électorale. Les plaintes ont été déposées principalement par des partis et formations politiques du groupe Maram (initiales arabes pour le Congrès du refus d'élections falsifiées) qui contestent les résultats partiels des législatives, donnant les chiites conservateurs vainqueurs du scrutin. Lutte pour le pouvoir, mais guerre plurielle avec un pays ravagé, et des attentats qui ne connaissent pas le moindre répit. Ce qui accapare, dit-on, toutes les potentialités et pousse les états-majors à aller chercher l'argent là où ils pensent le trouver. S'adressant mardi à l'organisation des Anciens combattants des guerres à l'étranger à Washington, le président Bush a ainsi appelé les pays qui ont gelé les avoirs de l'Irak sous Saddam Hussein à les débloquer. Après les Etats-Unis, la Slovaquie et Malte, qui ont annoncé l'annulation de la dette irakienne, « davantage de pays doivent faire de même afin que le peuple irakien ne soit pas lesté par le poids écrasant » de la dette accumulée par Saddam Hussein, a-t-il dit. « J'appelle tous les gouvernements qui ont promis une assistance à mettre en œuvre leurs promesses aussi vite que possible pour que les Irakiens puissent reconstruire leur pays », a déclaré le président américain. « Pour réaliser leurs rêves, les Irakiens ont besoin d'aide ; au cours de l'année à venir, la communauté internationale doit assumer sa part », a-t-il dit, en reconnaissant les « frustrations » des Irakiens devant les coupures d'approvisionnement en carburant et en électricité. Mais qui en est responsable ? Les restrictions, le chômage et la paupérisation ne sont que les effets de la guerre menée par l'armée américaine, et c'est ce qui explique l'absence de réactions de cette communauté internationale qui refuse toute forme de culpabilisation. « Jusqu'alors, les nations membres de la communauté internationale ont promis plus de 13 milliards de dollars d'assistance à l'Irak, mais beaucoup se sont montrées lentes à tenir leurs engagements », a fait remarquer M. Bush. Dans son discours, le président américain a pris soin de ne prendre aucun engagement chiffré sur une diminution des effectifs américains en Irak. Il a déclaré à nouveau qu'il s'en remettrait à l'avis des commandants militaires sur le terrain mais que les Américains devraient pouvoir « discuter de nouveaux ajustements » en 2006 avec les dirigeants irakiens à mesure que les forces de sécurité irakiennes monteraient en puissance. Ce qui entoure la question de trop fortes conditions et la rend pour ainsi dire irréalisable. C'est-à-dire que le retrait demeure hautement improbable.