La commission, chargée par le président Bush d'étudier la situation en Irak, donnera ses recommandations mercredi. D'ici à là, le président américain George W.Bush vivra sur des charbons ardents et continuera de subir la pression d'autant plus que la situation en Irak s'est passablement détériorée ces derniers mois. Selon un bilan de l'ONU, publié à la fin du mois de novembre, plus de 13.000 personnes ont été tuées en Irak lors des quatre derniers mois (de juillet à octobre). Ce qui est énorme et catastrophique pour l'Irak et un échec sanglant pour l'administration Bush. C'est dans ce contexte de déprime que le président George W.Bush a décidé de créer un organisme chargé d'étudier la situation et de lui faire des propositions qui permettent de sortir de la spirale de violence et de l'échec en Irak. La commission, créée en mars dernier est coprésidée par James Baker III, ancien secrétaire d'Etat et homme des missions difficiles et l'ex-parlementaire démocrate Lee Hamilton. Aussi, les recommandations du groupe d'étude sont-elles attendues avec circonspection et une certaine appréhension par l'administration Bush, qui a fait tout faux depuis l'invasion de l'Irak, en mars 2003. Cela, d'autant plus, qu'aucun des objectifs que les stratèges de la Maison-Blanche se sont fixés n'a été atteint. Aussi, l'échec est triple: stratégique, militaire et politique pour l'administration Bush enlisée dans le bourbier irakien. Les pertes américaines, de plus en plus lourdes, près de 3000 Américains sont morts en Irak depuis l'invasion de ce pays, et l'impopularité de la guerre ont donné à l'opposition démocrate de conquérir la majorité au Congrès, imposant au président Bush une difficile cohabitation pour les deux dernières années de sa présidence. En effet, le président Bush, qui a gaspillé tous ses atouts, n'a plus les coudées franches et doit composer tant avec les démocrates et les Américains de moins en moins patients, qu'avec la donne militaire et politique sur le terrain en Irak. Dès lors, les propositions de la commissions Baker-Hamilton, pour dépasser ces difficultés et sortir de cette impasse sans trop de casse, sont attendues avec curiosité par les uns, avec appréhension par les autres. De fait, le président Bush ne semble pas avoir beaucoup de choix, alors qu'il s'agit, en priorité, de sortir de la logique de guerre qui a, jusqu'ici, imprimé l'action des militaires et des stratèges américains. Selon des «fuites» reprises par les médias américains, plusieurs scénarios seraient recommandés: le retrait et une nouvelle stratégie du rôle de l'armée américaine, l'action diplomatique. Le retrait reste, en fait, un point très controversé et concerne l'essentiel des effectifs de l'armée américaine -qui se chiffrent actuellement à quelque 140.000 militaires- d'ici au début de 2008. Ainsi, le Pentagone serait appelé à retirer 15 brigades de combat et à y laisser quelque 70.000 hommes, notamment une force de réaction rapide, des instructeurs et des logisticiens. Pour ce qui est du second point, la commission serait encline à ce que l'armée américaine passe du rôle de combat à un rôle de soutien, qui consisterait dans l'incorporation des forces américaines dans les effectifs de l'armée irakienne et cela dès janvier prochain dans la perspective, assure la recommandation, d'améliorer l'efficacité de l'armée irakienne et sans doute de retirer l'armée américaine des avant-postes. En d'autres termes, il est proposé à ce que, ce qui reste de l'armée américaine en Irak combat sous les couleurs de l'armée irakienne. Ainsi, il n'y aurait plus d'armée américaine sur le terrain mais une «armée irakienne renforcée». Enfin, au plan diplomatique, le groupe d'étude envisage de recommander à l'administration Bush de renouer les contacts (directs) avec Damas et Téhéran afin d'engager une action diplomatique plus active et plus en phase avec la réalité géostratégique du Moyen-Orient. Si les propositions du groupe d'étude s'articulent sur ces recommandations, comment le président Bush va-t-il les accueillir, lui qui a toujours refusé autant de fixer un calendrier pour le retrait des forces américaines, que tout contact avec la Syrie et l'Iran? Mais outre ces difficultés, d'ordre militaire, stratégique et politique, la guerre contre l'Irak a un coût de plus en plus prohibitif et est en passe, de dépasser, celui alloué à la guerre du Vietnam. Selon diverses estimations, plus de 350 milliards de dollars ont déjà été engagés dans la guerre en Irak depuis mars 2003. Le syndrome irakien est bel et bien là, M.Bush ayant ouvert une boîte de Pandore dont il ne maîtrise plus les séquences en vies humaines (des dizaines de milliers d'Irakiens sont morts depuis mars 2003, des milliers d'Américains ont été tués) et, en coûts de plus en plus prohibitifs d'une guerre dont les résultats sont médiocres: le terrorisme est toujours aussi actif alors que de nouveaux fronts s'ouvrent chaque jour à travers le monde.