L'augmentation consentie par la tripartite n'aura aucune incidence positive sur le pouvoir d'achat des petits salariés. Les entreprises sortent gagnantes en bénéficiant de mesures d'encouragement et en ne cédant que sur le minimum des revendications de l'UGTA. Maigre résultat et prestation médiocre pour la centrale syndicale UGTA. La 14e tripartite, dont les travaux ont été clôturés hier matin à Alger, n'a pas été à la hauteur des espérances des travailleurs. Le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques déçoivent à nouveau le monde du travail en Algérie. La majorité des dossiers inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre, censée être exclusivement sociale, n'ont pas abouti. L'UGTA, qui tablait sur un SNMG à 20 000 DA la veille de la réunion, s'est contentée finalement d'une très maigre augmentation : 20% seulement, soit 3000 DA de plus qui n'auront, selon les observateurs, aucun effet sur le salaire du simple travailleur. Le nouveau salaire minimum garanti passera, à partir de janvier 2012, à 18 000 DA au lieu de 15 000 DA actuellement. C'est l'unique décision de cette tripartite. Aucun accord n'est à signaler pour les autres des dossiers, en particulier celui de la révision des pensions de retraite ; le dossier a été confié à un groupe de travail. L'UGTA n'a pas non plus gagné la bataille de l'annulation de l'article 87 bis du code du travail, comme elle n'a pas obtenu la réduction de l'Impôt sur le revenu global (IRG). «Même si nous avons décidé d'une augmentation de salaire de 10 000 DA, cela ne va pas satisfaire les travailleurs qui trouveront à redire et qui demanderont plus», estime le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Il rappelle, dans ce sens, «l'augmentation de 30% sur le SNMG effectué en 2010, ce qui porte l'augmentation globale à 50% en l'espace de deux ans, ainsi que l'entrée en vigueur des nouveaux régimes indemnitaires avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008». Cette nouvelle augmentation, explique-t-il, coûtera 75 milliards de dinars au budget de l'Etat. Mais en dépit de cette augmentation, le SNMG demeure en inadéquation avec le coût de la vie et provoque un processus de paupérisation des salariés les moins rémunérés. Pas de réduction de l'IRG Une réalité que personne ne nie. Justement, en tentant de défendre le travailleur et son pouvoir d'achat, l'UGTA a fait remarquer que les diverses études réalisées démontrent que les revenus actuels de nombreux travailleurs sont largement insuffisants par rapport à l'évolution du coût de la vie. L'équipe de Sidi Saïd a demandé aux organisations patronales et au gouvernement des mesures nouvelles pour améliorer le pouvoir d'achat, indiquant, pour cela, plusieurs pistes, dont la révision de l'IRG, l'abrogation de l'article 87 bis relatif au mode de calcul du SNMG ainsi que son montant. Une proposition qui n'a pas été prise en compte par les patrons, qui lui opposent «la nécessité de préserver la viabilité des entreprises». De son côté, le gouvernement a expliqué que l'examen du dossier du pouvoir d'achat ne doit pas être isolé de divers facteurs. Il s'agit en premier lieu de l'état des finances publiques, marquées par une importante résurgence du déficit budgétaire du fait de la politique salariale de l'Etat, de l'importance des transferts sociaux ainsi que du volume des investissements publics. Ces facteurs, explique Ahmed Ouyahia, dictent d'éviter toute mesure de nature à aggraver l'ampleur du déficit budgétaire en excluant ainsi tout recours à une baisse de l'IRG qui constitue, selon le gouvernement, une source majeure de la fiscalité ordinaire du pays. De plus, ajoute-t-il, les entreprises publiques économiques ont toutes conclu des conventions salariales en 2010 et, pour nombre d'entre elles, des avenants en 2011. La quasi-totalité des entreprises publiques économiques, enchaîne-t-il, vient de bénéficier du rééchelonnement de ses endettements totalisant plus de 300 milliards de dinars et d'importants crédits d'investissement pour leur permettre d'engager une relance sérieuse. De ce fait, estime-t-il, comme le budget public, les entreprises économiques ne pourraient faire face actuellement et sans graves conséquences à une abrogation de l'article 87 bis. Par ailleurs, les organisations patronales ont donné leur accord pour l'extension des conventions collectives au secteur privé.