«Qu'elle évoque l'intime ou les grands mythes inducteurs de croyances et de pratiques, la voix de Madeleine Ouellette-Michalska(1) retentit d'une intensité paradoxale. Elle conjugue une élégance féminine sexualisée avec un soutien critique percutant et l'acuité d'un regard lucide.» C'est ainsi que la critique, Katharine Guingrass, présente, l'auteure de L'échappée des discours de l'œil (2). L'œuvre de Madeline Ouellette-Michalska est imprégnée, de bout en bout, de chaleur, chaleur de la communion humaine, de la solidarité entre hommes et femmes et même de l'inquiétude partagée. Cela lui a permis de parler non seulement de choses vues (dans ses romans), mais aussi de celles qui paraissent «théoriques», tel le comportement de l'homme (phallus) envers la femme ou encore du comportement «des impérialistes» envers «l'autre» et notamment «la femme». Elle a bien décortiqué ce dernier phénomène dans son livre culte intitulé L'amour de la carte postale : imprérialisme culturel et différence.Le mouvement de pensée créé par le défunt Frantz Fanon dans les années cinquante ne l'a pas laissée indifférente. Madeleine O. Michalska a un talent presque unique dans la littérature contemporaine du Canada. Alliant l'abnégation et la passion du travail à une érudition presque exemplaire, «elle a contribué au renouvellement du discours théorique et des formes littéraires, et à l'œuvre impressionnante des écrivaines québécoises». (3) Madeleine O. Michalska a enseigné la littérature française et universelle à l'Institut de technologie de l'éducation de Constantine. Elle a passé ces belles années soixante-dix avec nous. Elle garde toujours des Algériens et de leur pays un souvenir mémorable (4). Pour elle, les femmes algériennes n'ont rien à envier à leurs sœurs occidentales. Ce qui se passe actuellement dans notre beau pays nous meurtrit : femmes agressées, lieux de liberté attaqués. D'où sortent ces énergumènes qui nous inquiètent et salissent l'image tolérante, bien vérifiée par les étrangers, dans l'Algérie multimillénaire ? La notoriété de Madeleine Ouellette-Michalska est aujourd'hui mondiale. Ecrivaine prolifique, elle a publié des romans : Le jeu des saisons, La termitière, Le plat de lentilles, des nouvelles : Le dôme , La femme de sable, des poèmes : Entre le souffle et l'aîne, des pièces de théâtre : Une tête de plus, Le tambour africain et des essais : L'échappée des discours de l'œil, L'amour de la carte postale, etc. Les œuvres de Madeleine O. Michalska ont jeté les fondements novateurs de la littérature canadienne de ces trente dernières années.
Note : 1) Née à Saint Alexandre le 7 mai 1930. A enseigné en Algérie entre 1975 et 1980. 2+3). Voir Dictionnaire littéraire des femmes de langue française. Ed. Karthala, 1996. 4) M. O. Michalska dit que : «Constantine est l'une des plus belles villes du monde. Ses femmes sont à son image : belles et ouvertes.»