La décennie noire a endeuillé la famille médiatique. Plus d'une centaine de journalistes ont été tués depuis le début de la violence intégriste, à partir de 1992. Smaïl Yefsah, présentateur vedette du journal télévisé de l'ENTV au début des années 1990, est l'un d'entre eux. Brillant journaliste, Smaïl Yefsah a été la cible des terroristes intégristes qui l'ont lâchement assassiné, un certain 18 octobre 1993. Natif de Tala Amara (Tizi Ouzou), il a été assassiné par les hordes sanguinaires à Bab Ezzouar (banlieue est d'Alger), alors qu'il s'apprêtait à rejoindre son lieu de travail. La cité où il résidait porte déjà son nom. Mais pour se rappeler encore et toujours de ce militant de la plume, une stèle a été érigée sur le lieu de son assassinat. Elle a été inaugurée, hier, à l'occasion du 18e anniversaire de sa mort, en présence de sa famille, de ses amis et de ses collègues journalistes, venus se recueillir à sa mémoire. «Le souvenir de mon frère Smaïl demeure vivant. C'est un personnage qu'on ne peut pas oublier. C'était un exemple pour toute la jeunesse algérienne», affirme son frère, Abderrahmane, dont la ressemblance avec le défunt est frappante. Des gerbes de fleurs ont été déposées au pied de la stèle. On pouvait y voir deux tableaux présentant les noms de tous les journalistes assassinés par des mains criminelles au cours des événements sanglants qu'a connus le pays. La mère de Smaïl Yefsah n'a pas pu retenir ses larmes quand elle s'est approchée du monument commémoratif érigé en l'honneur de son fils. La sœur et les tantes de l'ancien rédacteur présentateur n'ont pu cacher leur tristesse. La cérémonie de recueillement s'est déroulée en présence aussi du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. «Je suis ici en tant qu'ami de Smaïl Yefsah et non en tant que ministre. Nous nous sommes rencontrés à Baghdad, en Irak. Le défunt était le seul journaliste algérien dans la région à couvrir la guerre du Golfe en 1991. J'ai admiré son professionnalisme et sa modestie. Malgré les bombardements, il envoyait des images régulièrement», témoigne-t-il. Plusieurs personnes ayant connu le journaliste ont relaté la grandeur et les qualités humaines de Smaïl Yefsah. «C'était quelqu'un d'exemplaire, il n'a jamais fait de mal à personne. Je me demande pourquoi il a été assassiné», s'interroge Mourad, ancien collègue du journaliste.