Un rassemblement a été organisé, hier, devant le Centre Pierre et Marie Curie (CHU Mustapha Pacha, Alger), pour soutenir les malades cancéreux. Initié par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), le sit-in a mobilisé plus de 300 personnes déterminées à se faire entendre. «Je suis atteinte d'un cancer, mais ma souffrance est psychologique», déclare Fadéla, malade depuis cinq ans. «Je suis fatiguée de me déplacer pour rien, ni médicaments ni un minimum de soins. J'attends la mort.» Une lassitude qu'on peut lire sur les visages des malades et de leurs médecins. L'action menée par les médecins résidents et les résidents en pharmacie est un énième recours pour sensibiliser les pouvoirs publics et le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, sur la situation dramatique que vivent les malades et leurs familles. Les principaux problèmes sont la pénurie de médicaments anticancéreux et antidouleur, et l'insuffisance de la prise en charge. On pouvait lire sur les banderoles des contestataires : «Où est le budget des médicaments et des soins dont vous prétendez disposer ?» ; «Médicaments et équipements pour soigner nos malades» ; «Les malades du cancer meurent dans le silence» ou encore plus vociférant «Ould Abbès super-menteur !» ; «Ould Abbès ya el keddheb, les patients a'and el bab !». Le nombre des cancéreux en Algérie donne froid dans le dos, 47 000 nouveaux cas sont recensés annuellement. «Le chiffre est important et la prise en charge est médiocre. L'Etat ne s'intéresse pas aux malades», confie un citoyen en colère, venu spécialement pour soutenir l'action du collectif. «Quand les représentants de l'Etat attrapent une grippe, c'est en Suisse qu'ils se soignent», ajoute-t-il. En début de semaine, le chef du service radiothérapie du centre (CPMC), Pr Afiane M'hamed, s'est exprimé dans les médias et a reconnu une saturation de la prise en charge par rapport aux radiothérapies, puisque les malades cancéreux, même des autres willayas, dépendent du centre. Sur les 28 000 cas qui requièrent une radiothérapie, seulement 8000 en bénéficient.