Ishem, de son vrai nom Ishem Boumaraf, ex-leader du groupe Tafert, vient de sortir un très bel opus intitulé Zazza. Le titre éponyme de l'album, Zazza, est l'histoire véridique d'une jeune et jolie fille qui a perdu son père assassiné dans un guet-apens dans les Aurès. Ce jeune chanteur, à la voix aussi puissante que chaleureuse, en qui beaucoup d'observateurs avaient décelé le nouveau souffle de la chanson chaouie quand il avait émergé au sein du groupe Tafert, avec un premier album bien abouti, confirme tous les espoirs placés en lui. Il peut devenir un jour le digne successeur des Djamel Sabri (Djo des Berbères), Nezzar Nouari, Massinissa, Amirouche et autres grands artistes de la chanson moderne d'expression chaouie. Dans un style qui se définit comme «chawi-fusion», l'album comporte huit chansons qui ont pour titres : Zazza, welcome, (paroles en anglais et en amazigh), Hamurth inu, Lguirra, Hadada Badada, Aghouni, Ul inu et Yemmes N'aures. Le chawi-fusion est un mélange des rythmes et des genres propres au terroir des Aurès comme le rokroki, le rehabi, etc., avec ce qui se fait de mieux sur la scène world comme, par exemple, la pop-rock. Professeur de musique dans un institut à Batna, Ishem, qui est originaire de la ville rebelle de Tkout, possède une voix au cachet authentique et une belle maîtrise de ce chant ancestral des Aurès, qui vient du fond des âges. Une voix au service des sans-voix des Aurès dont il se fait le porte-parole pour chanter les espoirs trahis. Très beaux textes, belles mélodies, du souffle et des rythmes accrocheurs, avec un tel album, Ishem confirme qu'il peut effectivement apporter un nouveau souffle aussi bien à la chanson chaouie en particulier qu'à la chanson algérienne en général. Le seul bémol à cette aventure artistique est que, comme d'habitude, quand il s'agit de la chanson auréssienne d'expression berbère, il n'y a ni production, ni promotion, ni circuit de diffusion ou de distribution. Le travail artistique évolue pratiquement dans la clandestinité. Pourtant, le travail de Ishem mérite largement d'être connu.