Le commissaire africain à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, a affirmé, hier, que «les terroristes prospèrent dans des environnements où l'application de la loi est faible, exploitant, entre autres, les conditions de marginalisation socioéconomique, l'exclusion politique, les violations des droits de l'homme, pour séduire des groupes et des individus et les impliquer dans des activités criminelles et terroristes qui leur offrent une alternative économique». S'exprimant à l'ouverture de la 5e Conférence des points focaux du terrorisme, organisée par le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (Caert), le responsable a exhorté les Etats membres «à accorder une attention égale au traitement des conditions propices à la propagation du terrorisme et aux voies et moyens de protéger les communautés pour ne pas être la proie de l'idéologie et du recrutement terroristes». L'Afrique du Nord, a-t-il souligné, «connaît des évolutions, réformes et transformations démocratiques profondes et les groupes terroristes cherchent à exploiter la situation en vue d'étendre leur portée territoriale, accéder à de nouvelles sources de financement et d'armement et répandre leur message de haine et de violence». M. Lamamra est revenu sur la situation en Afrique, notamment en Somalie et en Afrique de l'Est, en déclarant : «Les insurgés shebab persistent dans leur tentative d'écraser l'espoir du peuple somalien pour une paix longtemps recherchée. Ils continuent à essayer d'intimider les autres pays de la région qui se sont engagés en faveur de la réalisation de la paix et de la stabilité en Somalie. La menace terroriste à laquelle le continent africain fait face est une question complexe. Le trafic de drogue, la traite des êtres humains, la piraterie, la prolifération illicite des armes et le blanchiment d'argent sont tous des variantes de la criminalité transnationale organisée.» Il a enfin mis en garde contre les «contacts» entre les terroristes d'Al Qaîda et les trafiquants de drogue. Il a annoncé qu'une nouvelle stratégie de lutte, de contrôle de la prolifération, de la circulation et du trafic des armes légères et de petit calibre sera soumise à la session du Conseil exécutif de l'UA en janvier 2012 pour approbation. Pour sa part, M. Rezzag-Bara, coordinateur interministériel chargé de l'action extérieure de la lutte antiterroriste, a indiqué que l'Algérie s'emploie à renforcer une dynamique sous-régionale afin «d'empêcher toute tentative de sanctuarisation des groupes terroristes dans le Sahel africain et prévenir les prises d'otages. Il s'agit aussi de lutter pour l'élargissement du consensus international pour la prohibition du paiement des rançons aux groupes terroristes et contre les connexions entre le terrorisme et la grande criminalité organisée, tout cela en encourageant le développement économique et social de la sous-région dans le cadre d'un partenariat rénové avec les acteurs extra-régionaux sans aucune ingérence extérieure». Revenant sur la situation au Sahel, M. Rezzag-Bara a affirmé que celui-ci «vit une situation sécuritaire préoccupante du fait que des groupes de terroristes, notamment AQMI, financent désormais une bonne partie de leurs activités avec l'argent des rançons et les revenus générés par des trafics en tous genres, particulièrement la drogue en provenance d'Amérique du Sud». Abondant dans le même sens, le directeur du Caert, Francisco Caetano José Madeira, a été plus direct : «Nous devons les arrêter et discréditer leurs mouvances. Pour améliorer le plan d'action contre le terrorisme, il est urgent que nous renforcions nos mécanismes de défense et nos méthodes de travail», a-t-il déclaré dans son allocution d'ouverture des travaux. Il a rappelé au passage la demande de la Commission de l'Union africaine aux Etats membres et aux communautés régionales «d'adopter de manière urgente une stratégie nationale et régionale antiterroriste afin d'assurer la coordination, la cohésion, l'efficacité et le partage des informations entre les institutions impliquées, les pays voisins et au niveau régional». M. Caetano a mis l'accent sur «le renforcement de la sécurité des frontières», en précisant : «L'identité des personnes doit être vérifiée pour savoir s'ils appartiennent à des groupes criminels ou à des groupes de terroristes. Il doit y avoir des systèmes de vérification sur place des cargaisons qui entrent dans les pays ou qui sont envoyées à partir de ces pays (…) et il devrait y avoir un échange d'informations sur place avec les autorités et les pays voisins afin que tout le monde soit conscient du danger. Les espaces maritime et aérien doivent aussi être sécurisés, l'argent doit être contrôlé et ceux qui ont commis des actes terroristes doivent être jugés, inculpés et condamnés.» En conclusion, le directeur du Caert a déclaré : «Les renseignements doivent être collectés pour identifier les conspirations et les complots possibles afin d'éviter qu'ils ne soient commis. Des investigations doivent être menées pour arrêter les terroristes et les criminels puis les présenter devant la justice.»