Depuis quelques années déjà, avant d'être sacrifiés, nombre de béliers sont appelés à participer à des combats communément appelés «degga». Si au début «degga» était un jeu que beaucoup de jeunes et moins jeunes prisaient énormément, aujourd'hui, ce rendez-vous incontournable draine derrière lui des intérêts pécuniaires qui dépassent l'entendement. Cette année, bien évidemment, ressemble aux précédentes, et quand bien même les maquignons n'arrivent pas à écouler leurs moutons, il se trouve que les combats ont déjà débuté dans une sorte de tournoi interquartiers, avant d'arriver au national engendrant de grands appétits financiers. Ainsi, au niveau de plusieurs quartiers du pays - le phénomène est national faut-il le préciser - les joutes ont commencé, sous le regard amusé des badauds, en créant une ambiance qui ne plaît forcément pas à tout le monde. Il existe bien évidemment une frange de la société qui est contre cette violence dans laquelle des moutons sont parfois mis à mort suite à des coups de cornes malheureux qui peuvent transpercer le pauvre animal. A la vue de cette violente parade, des enfants crient leur joie, comme dans une corrida, alors que les initiateurs de ces combats comptent leur argent. Il est utile de préciser que ces tournois organisés n'ont rien d'officiel. La précision est utile, car dans certaines contrées du pays, certains citoyens laissent entendre que la «degga» est organisée par une structure étatique dans le cadre d'un programme d'animation des quartiers, ce qui est loin d'être le cas, faut-il le dire. Les combats sont vite devenus un enjeu financier plus qu'un passe-temps. La preuve, certaines de ces confrontations ovines se déroulent même en dehors des fêtes de l'Aïd El Adha.Des propriétaires de moutons se font un devoir d'entretenir leur animal durant toute l'année et s'organisent pour mettre sur pieds des tournois tout au long de l'année. Par moment, les rencontres deviennent nationales. Les adultes se sont emparés de l'événement pour en faire un objet de paris, si bien que les jeunes béliers «stars» ne sont plus automatiquement sacrifiés, ils pourront ainsi remettre leur titre en jeu l'année suivante. Si le phénomène est devenu national, il faut préciser que c'est la ville de Annaba qui détient la réputation d'organiser le plus grand nombre de tournois, alors que la ville de Tébessa est renommée de posséder les moutons les plus hargneux, donc les potentiels vainqueurs. Par contre, le nombre de parieurs est élevé à travers plusieurs villes du pays. La capitale n'étant pas épargnée par cette folie du «mouton cogneur», elle détient aussi ses records comme celui de mieux choyer, dorloter et soigner les moutons. Des voix s'élèvent néanmoins pour condamner ces combats violents qui se terminent souvent dans le sang, voire par la mort d'un des animaux en compétition. Aucune autorité officielle ne s'est prononcée sur le sujet.