Arriver à donner au conte la place qu'il mérite, c'est-à-dire en faire un vecteur d'information et surtout de pédagogie et de culture, c'est le défi à relever, selon les conteurs professionnels. Les journées pour le conte et la narration de l'association Kan Ya Makan, qui sont désormais une belle tradition, ont commencé samedi au siège de l'Odej à 15 h et au TRC à partir de 18h; elles seront clôturées ce jeudi. La manifestation a été une opportunité pour les conteurs professionnels ayant bénéficié d'une formation, et d'autres amateurs du récit, de se produire sur scène. La bonne nouvelle est que la relève est assurée par une équipe chevronnée dans l'art de raconter. Nous avons d'ailleurs eu le plaisir de rencontrer cette association fidèle à ses rendez-vous, et de discuter avec son président, Fayçal Ahmed-Raïs. «Les journées consacrées au conte, de par leur sérieux et professionnalisme sont en passe de devenir carrément un festival», nous a-t-il déclaré. Des personnes venues de France, -connues dans le domaine de la narration-, à l'exemple de Amar Amara-Madi, Aïni Iftan et Layla Khaled, ont tour à tour animé les séances. Quel est le sort du conte aujourd'hui par rapport aux nouvelles technologies de communication? Question à laquelle a tenté d'apporter Amar Amara-Madi la réponse suivante: «Il est vrai que la télévision et les autres supports ont marginalisé le conte, surtout au sein de la famille, mais paradoxalement cela a permis sa vulgarisation, puisque la narration n'est plus justement conditionnée par le cercle familial, bien au contraire, elle a émigré vers un espace plus large pour être réalisée en plein air et dans les espaces publics.» Pour lui, le défi c'est donner au conte la place qu'il mérite, c'est-à-dire en faire un vecteur d'information et surtout de pédagogie et de culture, disant qu'«il est plus aisé de partager un conte en pleine foule», qu'«apporter une précision sur un quelconque programme de télévision». Selon lui, «une bonne narration est à jamais gravée dans la mémoire d'un enfant». Pour sa part, la conteuse d'origine bougiote, Aïni Iftan, artiste née, qui a vécu depuis son jeune âge en France, et qui devient comédienne à 18 ans, voit dans l'art de l'oralité une manière de rendre hommage à ses parents. «Les contes et autres historiettes racontées autrefois par ma mère ont bercé mon enfance; il est important de les transmettre à mes enfants», a-t-elle affirmé. L'oralité et l'écriture sont des concepts qui suscitent, selon la conteuse, de «grosses discussions». Pour elle, raconter est un geste plutôt instinctif. «L'être humain a souvent tendance à étaler son vécu, et il est réalisable d'écrire ce qu'on dit, néanmoins les réflexes sont plus clairs quand il s'agit de raconter une histoire lue», a-t-elle ajouté. Notons que Aïni Ifan animera aujourd'hui une soirée de conte au TRC à partir de 18h.