La plupart des habitants de cette localité ont besoin de nouveaux logements sur place, sachant qu'ils vivent de la pêche, de l'agriculture et de la culture de la fraise. Initié en 1991 dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, le projet de construction de 46 logements sociaux au profit des habitants du village balnéaire de Stora tarde encore à voir le jour. Une assiette foncière d'une superficie de 3 860 m2 avait pourtant été officiellement délimitée pour accueillir ce projet, comme le mentionne une délibération datée du 30 juin 1996. Depuis, rien n'a été fait et les habitants commencent à se douter de ce qu'il est advenu de l'assiette foncière. C'est ce qui ressort d'une correspondance de l'association pour la promotion du village de Stora, qui revient sur «le mystère» du projet et de son assiette. Le terrain en question est situé sur la route supérieure de Stora, non loin des logements de l'EPLF. L'association rappelle dans sa lettre, qu'en 1991 «le ministre de l'Habitat avait officiellement ordonné au directeur de l'OPGI de l'époque de tout entreprendre pour lever les quelques entraves qui retardaient le projet pour entamer la construction». Un ordre qui restera sans suite, car «des personnes influentes ont tout entrepris pour retarder le projet», explique un membre de l'association qui ajoute que depuis l'initiation de celui-ci, on a tenté de faire comprendre que le terrain était inconstructible. Les logements de Stora à …Hammadi Krouma ! Les habitants de Stora ont donc fini par prendre leur mal en patience jusqu'à la dernière visite, au mois d'octobre dernier, des autorités locales à Stora et ses environs. C'est à cette occasion qu'ils apprendront que «le projet des 46 logements de Stora avait été délocalisé par les anciens responsables de la wilaya vers la commune de Hammadi Krouma». Incroyable! Frustrés et s'estimant carrément spoliés, les habitants, à travers leur association crient alors au scandale. En agissant ainsi, les anciens responsables ont, selon eux, mis fin à l'espoir qu'ils nourrissaient, des années durant, de voir leur projet aboutir. Leur malheur ne s'arrêtera pas à ce niveau, puisque la correspondance de l'association révèle que l'assiette qui devait abriter ledit projet, fait actuellement l'objet «de grandes opérations d'aménagement menées pas des particuliers», insinuant ainsi que ce terrain aurait été attribué à des particuliers alors qu'il appartient à l'association pour la promotion de Stora, comme le mentionne une délibération datée de 1996. «Oui, nous connaissons certains d'entre eux et ils ne sont pas loin du monde de la politique», révèle un autre membre de l'association qui refuse de polémiquer et de personnaliser le problème. «On n'est pas contre ces gens mais nous ne faisons que revendiquer un droit et un rêve qui se transforme en cauchemar ; pourquoi nous défaire du projet et de l'assiette ? On aurait dû au moins laisser ce terrain, qui nous appartient, pour nous accorder un autre programme de logement», a-t-il tenu à préciser. La correspondance adressée aux instances centrales et locales revient également sur une autre tentative avortée au profit des habitants de Stora : «En 1999, l'APC RND, ne voyant pas venir le projet des 46 logements a fait de grands efforts pour dégager une enveloppe financière de plusieurs millions de dinars afin d'engager des opérations d'aménagement sur un terrain à la cité Loukil pour accueillir, en remplacement, le terrain initial. Une fois les travaux achevés, d'autres responsables sont venus dire que cette assiette était inconstructible. Sur le coup, on n'a rien dit, mais voilà que cette même assiette est distribuée aujourd'hui sous forme de lots.» Un deuxième terrain…détourné Ce qui équivaut à dire que pour les gens de Stora, les terrains sont toujours «inconstructibles», et pour les autres, non. C'est une grande injustice que subit cette population de pêcheurs et d'agriculteurs qui vit, dans sa majorité, dans des bâtisses datant de l'ère coloniale. «On a de tout temps inventé des excuses pour retarder ce projet, juste pour en faire bénéficier quelques politiciens. C'est lamentable», estime un des membres de l'association. Entre-temps, une grande partie de Stora n'a cessé de s'écrouler. Plusieurs immeubles, construits bien avant 1860, ont déjà connu d'innombrables effondrements. Les constats du CTC restent multiples et concluent tous à «la nécessité d'évacuer, en toute urgence, les habitants de ces bâtisses», mais aucune suite n'a jamais été apportée. «La plus grande partie des habitants activent dans la pêche ou dans la culture de la fraise ; on ne peut pas aller habiter ailleurs. Du moment que l'Etat a bien voulu nous allouer un terrain pour soulager la grave crise de logement que nous vivons, pourquoi vient-on nous déposséder de ce droit ?», proteste un représentant de l'association. Cette dernière demande, dans sa conclusion, aux autorités locales de venir en aide à cette population en «stoppant l'octroi de leur terrain à des tiers, en relançant le projet des 46 logements et en ouvrant une enquête approfondie pour déterminer les rouages politiciens ayant permis ce dépassement».