Une élection présidentielle se tiendra «avant la fin juin 2012» en Egypte, a annoncé, hier, le chef du conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, assurant que l'armée était prête à organiser un référendum sur le transfert de pouvoir à une autorité civile. Cette échéance présidentielle est plus proche que la fin 2012 voire 2013 souvent évoquée faute de calendrier précis. L'armée s'est engagée à remettre le pouvoir aux civils une fois élu un nouveau Président. L'armée est aussi prête à organiser «en cas de nécessité» un référendum sur le transfert de pouvoir «si le peuple le souhaite», a-t-il ajouté. «L'armée ne veut pas le pouvoir et met les intérêts du peuple au-delà de toute considération. Elle est tout à fait prête à remettre les responsabilités immédiatement, si le peuple le souhaite, à travers un référendum populaire», a annoncé le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA). Les élections législatives se tiendront, quant à elles, conformément au calendrier prévu, à partir de lundi prochain, a-t-il ajouté. Le maréchal Tantaoui a également indiqué que le CSFA avait accepté la démission remise la veille du gouvernement du Premier ministre Essam Charaf, qu'elle avait nommé en mars dernier. Il a ajouté qu'un nouveau gouvernement allait être formé, sans donner de précisions. Des dizaines de milliers d'Egyptiens se sont à nouveau rassemblés hier sur la place Tahrir au Caire pour réclamer le départ au plus tôt des militaires au pouvoir. «Un accord a été conclu pour former un gouvernement de salut national dont la mission serait la réalisation des objectifs de la révolution du 25 janvier», a indiqué Mohamed Selim Al Awwa, à l'issue de cette réunion convoquée par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis le soulèvement qui a renversé le président Hosni Moubarak en février. La rue veut une autorité civile Le CSFA a également évoqué durant cette réunion la possibilité de nommer l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, au poste de Premier ministre pour remplacer Essam Charaf, démissionnaire depuis lundi soir. Le nom de Abdelmoneim Aboul Fotouh, candidat potentiel à la présidence et ancien membre des Frères musulmans, a également été évoqué lors de ces entretiens centrés sur la présentation de la démission du gouvernement Charaf. En parallèle, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Tahrir pour revendiquer la remise au plus vite du pouvoir à une autorité civile, accusant le pouvoir militaire de chercher à s'incruster et de rééditer la politique de répression du régime de Moubarak. Vingt-huit personnes ont perdu la vie depuis samedi dans des affrontements au Caire et d'autres villes entre forces de l'ordre et manifestants réclamant le départ au plus vite des militaires du pouvoir. Opposant résolu au président Hosni Moubarak, renversé en février dernier, Mohamed El Baradei est aujourd'hui très critique de la politique menée par le CSFA. Les effets de la crise politique en Egypte se font déjà sentir. En effet, la Bourse du Caire a clôturé hier en baisse de 4,77% après une suspension d'une heure. La suspension temporaire a été décidée après une chute 4,48% de l'indice de référence EGX-30 en cours de séance. La Bourse du Caire avait déjà chuté de 4,04% lundi. Par ailleurs, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a appelé hier les parties égyptiennes à «la retenue» et à «travailler ensemble pour parachever la transition de façon à répondre aux aspirations du peuple». Le CPS de l'UA «exprime son extrême inquiétude face aux violents incidents qu'a connus l'Egypte ces derniers jours», a déclaré à la presse le commissaire pour la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, à l'issue d'une réunion à Addis-Abeba, consacrée à l'examen de la situation politique et sécuritaire en Egypte.