Pour défaut de logement, Amel Kheir-Eddine n'a pas eu la chance de passer les fêtes de l'Aïd El Adha dans un foyer avec son enfant, gardé par le père après le divorce. Agée de 38 ans, cette jeune mère à la face angélique est une pupille de la nation dont la vie a basculé, en 1996, sans préalable, dans le monde de la déchéance, du néant et de la marginalisation. Pourtant elle ne rêve que de choses simples de la vie, principalement un logement pour se mettre à l'abri de la rue, de ses vices et de ses hostilités. Elle craint d'être empêtrée dans les filets de la délinquance, de la débauche et du désespoir. Bref, elle aspire à la dignité qu'assure l'Etat à ses citoyens. «Ayant découvert que je suis adoptée par une famille, et après un mariage malheureux sanctionné par un divorce, je suis sans abri fixe (SDF) depuis 1996», déplore Amel. A cela il faut ajouter une situation professionnelle précaire. En effet, avec les 9 000 DA qu'elle perçoit mensuellement grâce à un emploi occupé à la direction de l'action sociale (DAS) de Annaba, elle n'arrive même pas à subvenir à ses besoins élémentaires, encore moins espérer la location d'un logement. Ses appels de détresse à l'adresse des autorités locales, quant à l'attribution d'un toit, n'ont pas trouvé une oreille attentive. Les recommandations de la directrice de l'action sociale à la daïra de Annaba n'ont pas été prises en considération par ceux qu'on nomme par dérision les «Sans difficultés financières». Ce qui l'a poussée à lancer un S.O.S. au président de la République à l'effet de lui tendre la main et la repêcher de cette exclusion de la société.