Le mariage est-il fondant au soleil dans la ville des lions ? En trente ans, Oran est passé en tête dans la géographie des couples cassés. Depuis 1962, le taux de divorces y est passé de 3 % à 12,6 %, indique une étude menée par M. Bousmaha, sociologue et chercheur à l'université d'Oran. Cette étude indique, en chiffres, un phénomène expliqué avec deux grandes hypothèses. « Depuis les années 1970, le divorce est encore moins tabou à Oran, une ville qui s'est aussi très fortement urbanisé et où l'emploi est plus abandon qu'à l'intérieur du pays, et qui attire plus facilement les gens seuls donc des divorcés. » « Depuis, le législateur a aussi facilité la vie aux couples désunis. De plus en plus de femmes ont accédé à un emploi et gagné leur indépendance. Et d'autres formes de liens sont nées. Sous le soleil, seule reste indélébile la filiation parents-enfants », lit-on dans le rapport de cette étude. « Oran compte 12,6 % de divorcés parmi la population mariée ou qui ne l'est plus. Pourquoi un tel phénomène ? « Grâce à six recensements depuis 1962, on peut analyser des évolutions dans la situation matrimoniale, avec des facteurs explicatifs », est-il encore révélé par cette étude qui a passé à la loupe des facteurs poussant au divorce, à l'exception donc des simples séparations. Une carte graphique montre même que les régions les plus épargnées sont celles à moindre croissance démographique, confirmant ainsi l'idée que l'on divorce plus à la ville qu'à la campagne. Le divorce reste davantage tabou dans le monde rural . Selon l'enquête de cet universitaire, les cas de ruptures sont multiples. Elle montre le poids important, dans la région, des métiers soumis à une forte mobilité donc plus exposés au divorce. Enfin, l'inflation de divorcés dans la région s'explique, selon l'étude, en partie par « un phénomène de génération : contrairement à une idée reçue, les nouveaux arrivants, ici, sont en moyenne plus jeunes que les résidents : seul un migrant sur six a plus de 60 ans. Or, l'on divorce beaucoup plus autour de 40 ans et avant la retraite. » Le rapport n'omet pas de mentionner, par ailleurs, les nouveaux amendements apportés au code de la famille, qui élargissent le droit de demande de divorce à la femme, dans le cas de mésentente persistante avec son époux et pour non-respect des clauses du contrat du mariage. De même qu'il est rappelé que le père doit, en cas de divorce, garantir à ses enfants et leur mère un domicile décent ou, à défaut, son loyer. L'ex-épouse et ses enfants sont maintenus dans le domicile conjugal jusqu'à l'exécution par le père de la décision judiciaire relative au logement. Cette nouveauté a été saluée par ce rapport qui la considère comme « la seule avancée notable pour ce qu'elle peut concourir à mettre un terme à la situation des femmes livrées à la rue avec leurs progénitures. »