Le Code de la famille, révisé et amendé, contient encore beaucoup de lacunes dont nombre de femmes sont victimes chaque année. Le 8 Mars, Journée internationale de la femme, est célébré chaque année partout dans le monde, notamment en Algérie. Une occasion pour ces femmes ordinaires d'être à l'honneur, une demi-journée dans l'année, et de célébrer leur place de plus en plus grande dans la société. Pourtant, malgré l'évolution enregistrée ces dernières années, la femme algérienne reste encore trop marginalisée dans une société patriarcale, surtout lorsque la loi reste défaillante. En effet, la révision du Code de la famille n'a presque rien changé à la situation des femmes en Algérie. C'est ce qu'estiment nombre d'entre elles. A titre d'exemple, Karima, trentenaire, mère de deux enfants, a été littéralement «jetée à la rue» par son ex-mari qui a profité des insuffisances de la loi et du Code la famille. Et chose étonnante, narrant son parcours depuis son mariage jusqu'à son divorce qui fut ni plus ni moins qu'une mascarade, Karima n'a pas blâmé son mari. Elle reproche plutôt aux législateurs ces manquements vis-à-vis de la femme algérienne. «Comment-peut on permettre à un homme de chasser sa femme et ses enfants de leur maison! C'est inconcevable!», a-t-elle lâché. «C'est bien beau de fêter la Journée de la femme en organisant des festivités, avec de la musique et des fleurs (...) mais où est l'intérêt si cette femme-là ne peut même pas être protégée, ni se sentir en sécurité.» Entre deux sanglots, cette mère a raconté son long parcours et le calvaire qui l'a amené à faire part de son désespoir. «Je nageais dans le bonheur avec mon mari, du moins c'est ce que je croyais, mais du jour au lendemain, tout a basculé. Nous nous sommes entendus pour que j'aille en vacances avec mes deux enfants chez mes parents et que mon mari vienne me rejoindre par la suite (...) Malheureusement, il avait d'autres projets en tête. Il a fait venir un huissier pour faire le constat que je suis partie du foyer conjugal sans son consentement. Ce qui est une violation du devoir conjugal de la femme», a-t-elle commencé son récit. «C'est ainsi qu'il a entamé la procédure de divorce à mon insu (...) Ce n'est que plusieurs jours plus tard, après avoir reçu un coup de téléphone de sa part, qu'il m'a annoncé que tout était fini entre nous (...) Je me suis précipitée chez moi en compagnie de mes parents et nous avons trouvé qu'il avait changé les serrures», a-t-elle poursuivi. Et d'ajouter: «Nous avons décidé de casser la porte (...) A la fin de la journée, il est venu avec l'huissier et la décision de divorce entre les mains et il lui a fait faire un constat de violation de domicile.» La suite? Une véritable bataille juridique a commencé concernant le domicile conjugal...En effet, l'article 72 du Code de la famille stipule qu'«en cas de divorce, il incombe au père d'assurer, pour l'exercice de la garde, à la bénéficiaire du droit de garde, un logement décent ou a défaut son loyer. La femme ayant la garde est maintenue dans le domicile conjugal jusqu'à l'exécution par le père de la décision judiciaire relative au logement». Or, estimer le prix d'un loyer moyen reste très difficile compte tenu de la constante fluctuation du marché de l'immobilier. Dans ce cas bien précis, le juge a accordé une pension pour la location de l'ordre de 4000 dinars. Ce qui est loin de la réalité du marché et a poussé Karima à s'endetter pour pouvoir loger ses enfants. «Si la femme était réellement protégée dans cette société, on ne verrait jamais ce genre de situations», a-t-elle conclu.