Dans son bulletin trimestriel Les amis du Sahara de juillet 1933, l'association du même nom publia une causerie faite sur les ondes de Radio Alger. Elle portait sur les oasis du Sud-Ouest. Le conférencier, A. Rosis, sous-directeur des territoires du Sud, en vint à évoquer la météorite de Tamentit, une oasis située à une trentaine de kilomètres d'Adrar. Cet objet extraterrestre était alors la plus ancienne et la plus lourde météorite, une demi-tonne de métal, découverte à travers le monde. Elle gisait à demi-enfouie dans le sable sur l'une des places publiques de l'oasis. Elle était tombée entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle à 12 km de Tamentit. Elle y avait été rapportée et fut l'objet d'une adoration plus superstitieuse que religieuse, rappelant à l'imaginaire de la population la météorite de la qaâba. A. Rosis explique : «Depuis des siècles, une foule de femmes touatiennes désireuses d'avoir un enfant se sont assises sur la pierre sacrée.» La légende locale rapporte que la météorite fut d'or lorsqu'elle toucha le sol. Cependant, pour calmer la cupidité des uns et des autres et faire cesser les querelles qui divisaient les différentes communautés de la région sur la question de son appropriation, la volonté divine l'aurait transformée en fer. Au XIXe siècle, des scientifiques français eurent connaissance de son existence et, en 1927, elle rejoignit le Musée d'histoire naturelle de Paris. De quelle façon s'est-on approprié ce patrimoine ? A. Rosis explique : «La djemaâ a consenti à la laisser enlever moyennant une subvention de 30 000 francs dont le montant a été appliqué à l'exécution des travaux de réfection de la foggara (…) Nous avons donné aux habitants quelques parcelles d'or qui leur ont permis d'augmenter la superficie de leurs jardins et d'améliorer ainsi leurs maigres revenus.» La météorite est aujourd'hui l'objet d'exposition à travers la France. Pourra-t-on un jour la récupérer ? Cela n'est pas certain. Pour preuve, ce n'est pas notre pays qui a émis un timbre-poste à l'effigie de la météorite de Tamentit mais le Niger.