Des fragments de météorites que recèle le désert algérien seraient exportés frauduleusement au Maroc. Cette nouvelle forme de trafic serait l'œuvre, selon des gérants d'agences de voyages domiciliées au Grand Sud, de trafiquants qui se font passer pour des touristes et qui opèrent pour le compte de sociétés privées. Pour la circonstance, celles-ci se sont spécialisées dans la recherche, la découpe et le commerce de ces pierres. Une fois acheminées vers le pays voisin, les pierres cosmiques seraient prises en charge par une coopérative répondant au nom de Tafilalet d'Erfoud. Une source scientifique au fait de ce commerce illégal affirme que les trafiquants remettent à chaque livraison, au repreneur marocain, un « vrai-faux » certificat authentifiant l'origine de la pierre. Celui-ci mentionne systématiquement que la trouvaille a été opérée sur les territoires du royaume chérifien. Considéré comme le plus grand réservoir de météorites au monde, le désert algérien est littéralement pris d'assaut, ces dernières années, par ce trafic fort lucratif. Plus cher que n'importe quelle pierre précieuse, certains « morceaux » de ces météorites, à l'exemple de ceux provenant de la lune, coûteraient entre 10 000 et 20 000 dollars américains le gramme. D'autres types de météorites (chassignite) se négocient à 70 000 dollars, selon un spécialiste du secteur. Rappelons qu'en date du 20 novembre 2004, vers 23h, une patrouille de la Gendarmerie nationale a interpellé un groupe de « touristes » allemands en possession de pierres cosmiques et archéologiques qui ornent les massifs du Tassili. Une peine de prison a été prononcée à leur encontre par le tribunal de Djanet. Depuis cet incident, le trafic d'œuvres archéologiques a nettement diminué. « La dissuasion est telle qu'il est difficile aux faux touristes de s'aventurer dans cette région », explique-t-on auprès des services de sécurité. Confirmant l'existence de ce trafic, une source autorisée de la Gendarmerie nationale nous fera savoir qu'un programme de lutte a été élaboré. Les gendarmes opérant dans la région ont été formés afin de reconnaître les météorites par l'utilisation de moyens scientifiques. Pour ce faire, le commandement de la Gendarmerie nationale a eu recours à la précieuse collaboration des chercheurs de l'université de Bab Ezzouar. Pillé depuis des années par des pseudo-touristes européens, le Grand Sud algérien reste une immensité de près de 2 millions de kilomètres carrés. Jusqu'à présent, 22 météorites lunaires ont été récupérés (légalement) de par le monde depuis 1979. La seizième trouvaille a été opérée en 2000 en Algérie. Venant de la lune, le météorite, selon une classification de la communauté scientifique internationale, est baptisé Northwest Africa 482 et a une masse de 1 015 g. La seule pierre extraterrestre qui le dépasse a été trouvée en 1999 en Libye, sa masse étant de 1425 g.