La dépouille mortelle, drapée de l'emblème national, est portée par une escouade de pompiers en tenue d'apparat. El Hadi Khediri, ancien ministre de l'Intérieur puis des Transports sous Chadli, patron de la police nationale dix ans durant et ancien ambassadeur d'Algérie en Tunisie, s'est éteint lundi soir à l'âge de 77 ans. Il a été inhumé hier au cimetière de Ben Aknoun après la prière d'el asr. Une foule compacte était présente à son enterrement. Nombre de personnalités ont afflué vers le cimetière pour un adieu solennel à un homme que tout le monde s'accordait à décrire comme «un exemple d'abnégation et de dévouement qui a mis ses compétences au service de l'Etat». Parmi l'aréopage de figures politiques et personnages publics qui ont assisté à l'enterrement, citons l'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, son successeur Daho Ould Kablia, le directeur général de la Sûreté nationale, le général El Hamel, le directeur général de la Protection civile, Mustapha Hebiri, le général à la retraite Khaled Nezzar, le cinéaste Ahmed Rachedi, l'avocat Miloud Brahimi ou encore Abderrahmane Belayat, membre du bureau politique du FLN. S'y ajoutent plusieurs membres du gouvernement (Mourad Medelci, Abdelmalek Sellal, Tayeb Louh, Rachid Harraoubia, Saïd Barkat, El Hadi Khaldi, entre autres). Notons également la présence en force d'officiers supérieurs de la police nationale ainsi que d'anciens collaborateurs du défunt. C'est vers 16h que le cortège funèbre fait son entrée au cimetière sous une pluie fine. La dépouille mortelle, drapée de l'emblème national, est portée par une escouade de pompiers en tenue d'apparat. Les fils du défunt sont au premier rang de la procession. Une forte émotion se lit sur leurs visages. Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, lit l'oraison funèbre dans laquelle il loue abondamment les qualités du défunt : «Une fois de plus, une graine de la génération de Novembre vient de s'en aller. La famille révolutionnaire est profondément affectée par cette perte cruelle.» Et de rappeler succinctement le parcours du regretté El Hadi Khediri et les hautes fonctions qu'il a eu à occuper. Directeur de cabinet au ministère des Affaires étrangères après l'indépendance, il est nommé DGSN en 1977, poste qu'il occupe jusqu'en 1987, avant d'être promu ministre de l'Intérieur en 1988. Les fonctions dont il hérite le mettent naturellement au cœur des événements qui ont ébranlé le pays durant les années 1980, et qui ont abouti au soulèvement du 5 Octobre 1988. Dans l'entretien accordé à Sid-Ahmed Semiane pour les besoins de son livre Octobre, ils parlent (éditions Le Matin, 1998), El Hadi Khediri confiait : «Etait-ce le ras-le-bol ou la haine contre le pouvoir ? Possible. De sentir que le mouvement était dirigé contre le pouvoir m'a bouleversé. Je représentais le pouvoir et je lui ai consacré toute ma carrière pour m'apercevoir, un matin, que l'on nourrissait toute cette haine à notre égard... c'était pénible. C'était pénible pour moi et j'en ai été personnellement affecté, très affecté.»