Si, aux yeux des autorités locales, le bilan dressé par la Direction de l'action sociale et la solidarité (Dass) de la wilaya de Tamanrasset donne satisfaction quant à la prise en charge des handicapés, il n'en demeure pas moins que beaucoup reste à faire pour cette frange de la société qui crie à la marginalisation du fait même de l'absence de structures et de mécanismes de prise en charge locaux. L'éloignement des grands centres médicaux régionaux et l'absence d'une annexe locale de l'Office national d'appareillages et d'accessoires pour personnes handicapées (ONAAPH) pénalise les infirmes de la région. De par ses missions, cette instance créée en 1988 sous la tutelle du ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour répondre d'une manière efficace aux besoins matériels exprimés par les handicapés pourrait améliorer un tant soit peu le quotidien de cette frange qui doit se déplacer vers Touggourt, annexe sud de l'office. Outre cet aspect technique d'aide aux handicapés, il est à remarquer que l'Etat a investi dans la construction des établissements spécialisés durant, le quinquennat précédent sans pour autant mettre le paquet sur la ressource humaine spécialisée et le travail de proximité qui sert à recenser les impotents et par ricochet les inscrire au registre de prise en charge. Les handicapés font face à des problèmes insurmontables, notamment dans les contrées lointaines, entre autres Abalessa, Silet et In Salah, situées respectivement à 100, 130 et 690 km du chef lieu de la wilaya. «Cette donne remet en cause tous les moyens déployés pour aider nos enfants», déplore la mère d'un enfant handicapé. Il convient de noter qu'au demeurant, le problème le plus accablant reste celui de l'appareillage en l'absence d'une unité locale de fabrication d'appareils et d'accessoires pour les quelque 1779 infirmes recensés par la Dass, dont 655 handicapés moteurs. Le manque d'accessibilité et la nature des terrains de cette wilaya aux reliefs rocheux compliquent davantage la situation des handicapés compte tenu de la fragilité de leurs appareils, lesquels sont renouvelés et réparés actuellement par l'unité de Touggourt. Aucune structure existante Malgré la présence périodique de techniciens assurant la maintenance et le montage des appareils, et qui assurent la prise de mesures, l'essayage et la livraison définitive des appareils, une équipe permanente serait plus à même de cerner les problèmes et d'y remédier selon les handicapés et leurs proches. En l'état actuel des choses et vu que le nombre réel des handicapés n'est pas encore connu des services concernés, une vaste campagne de sensibilisation médiatique est opérée, outre les convocations adressées aux intéressés pour les convier à une visite médicale ponctuelle. Ceux qui auront manqué ce rendez-vous n'auront qu'à prolonger leur attente et prendre leur mal en patience et attendre la prochaine équipe qui viendra de Touggourt. En cette fin 2011, on s'interroge pourquoi une wilaya de 557 000m2 de superficie ne dispose pas d'une annexe en mesure d'abréger le calvaire de ces impotents déjà défavorisés par le sort ? Pourtant, il y avait une annexe de fabrication implantée à El Ksar et qui a fermé ses portes il y a plus de 12 ans après une banqueroute. Un retraité de l'Onaaph nous explique que «la fermeture de l'unité de fabrication en question est due à des raisons purement financières justifiées par les bilans déficitaires réalisés à l'époque avec un faible nombre de handicapés par rapport aux objectifs assignés». Des prétextes qui ne convainquent point les représentants des associations de handicapés dressent un bilan mitigé des progrès du secteur de la solidarité à Tamanrasset.Ces derniers insistent sur l'utilité d'une unité locale de fabrication de l'appareillage et accessoire pour handicapés, de même qu'une équipe de soutien technique chargée de concourir à la promotion de l'égalité des chances des handicapés et leur insertion sociale, une mission dévolue à l'Onaaph de par ses statuts. Les handicapés de cette wilaya de l'Extrême-Sud accueilleront à bras ouverts ce projet salvateur à plus d'un titre et voient dans ce geste une solution tangible à leurs problèmes.