La Journée mondiale des handicapés coïncidant avec le 3 décembre n'est au fait qu'une occasion pour lancer leur appel de détresse et faire entendre leurs doléances rappelant aux autorités leurs engagements vis-à-vis de cette frange de la société. Bien que des lois aient été promulguées pour l'appareillage, la prise en charge psychomotrice et l'accessibilité des handicapés doivent mieux gérées. À Tamanrasset, pour ne citer que cette wilaya, les infirmes déplorent vivement le laisser-aller des autorités compétentes et se disent marginalisés et oubliés, notamment en ce qui concerne le handicapé moteur qui souffre quotidiennement et se perd dans le labyrinthe de la bureaucratie pour avoir son appareil ou sa chaussure orthopédique. C'est du moins l'avis de plusieurs handicapés que nous avons interrogés à cet effet. “Avoir un handicape dans cette contrée lointaine est une réelle condamnation au trépas. Certains ont la veine d'être pris en charge dans des établissements spécialisés, notamment les sourds-muets et les inadaptés mentaux. Les handicapés moteurs par contre sont à la merci des unités d'appareillage et de fabrication d'accessoires pour personnes infirmes qui nous regardent d'un œil minuscule”, se lamente M. I., les yeux embuées de larmes. Evoquant les procédures d'accès, le suivi médical et les consultations périodiques, notre interlocutrice explique : “Après avoir eu une prise en charge financière de la Cnas délivrée par un médecin compétent, on procède à la commande de son appareil généralement fabriqué par l'Office national de l'appareillage et accessoires pour personnes handicapées ayant des unités de production implantées dans les quatre coins du pays. Avant, la wilaya de Tamanrasset dépendait de l'unité de Ben Aknoun (Alger). Une commission constituée d'un technicien appareilleur et d'un agent commercial nous est envoyée chaque trois mois pour la prise des mesures, l'essayage et/ou la livraison définitive du matériel. Depuis 2004, j'étais sérieusement suivi et subi plusieurs rectifications orthopédiques témoins de bons résultats. Chaque six mois, j'ai ma nouvelle chaussure. Cependant et depuis le changement d'unité rien de cela ne se fait. Actuellement, on dépend de l'unité de Touggourt. La commission qui nous a été envoyée le mois de mai dernier n'était là que pour accomplir les procédures de passation de consignes avec l'ancienne unité et non pour prendre contact avec les malades qui prennent leur mal en patience sans pour autant savoir à quel saint se vouer.” C'est le calvaire ! Notamment pour les nouveaux amputés qui implorent Dieu pour mourir et abréger leurs souffrances que d'être enfoncés dans ce tunnel ténébreux à attendre leurs prothèses. Contacté, le chef de service commercial de l'unité d'appareillage de Touggourt reconnaît que depuis mai dernier aucune commission n'a été engagée pour des raisons qu'elle préfère taire, se contentant de dire : “Les malades doivent nous contacter pour prendre en charge leurs préoccupations, particulièrement les nouveaux patients pour lesquels une prise en charge a été notifiée par la Cnas.” “Le dossier de la wilaya de Tamanrasset est important sauf qu'à présent uniquement deux patients sont en instance et attendent leurs prothèses”, a-t-il déclaré sans se rendre compte que les deux patients restants attendent leurs appareils depuis plus d'une année sachant que le changement d'unité de Ben Aknoun par celle de Touggourt était essentiellement fait pour servir le patient et non pas pour le pénaliser et le laisser pour compte dans cette lointaine ville.