La dispersion de l'arsenal militaire amassé des années durant par le leader libyen déchu et les difficultés rencontrées par le CNT pour contrôler les dizaines de milices nées de l'insurrection contre le régime de Tripoli donnent des nuits blanches à Tunis. C'est ainsi que suite à des attaques contre des ressortissants tunisiens et à la multiplication d'incidents à la frontière tuniso-libyenne, le gouvernement tunisien a décidé, vendredi, de fermer le poste-frontière de Dhehiba, dans l'extrême Sud tunisien. Cette décision intervient deux jours après la fermeture du poste de Ras Jedir, seul point de passage de la Tunisie vers Tripoli. «Il a été décidé de fermer le passage de Dhehiba à la suite d'informations faisant état d'agressions contre des ressortissants tunisiens dans la région de Nalout, dans l'ouest de la Libye», a indiqué une source gouvernementale tunisienne citée par l'agence TAP. «Seuls les Tunisiens et les Libyens rentrant chez eux seront autorisés à emprunter le passage, jusqu'à ce que des solutions soient trouvées avec les responsables libyens», a-t-on ajouté. Le poste de Dhehiba, proche du désert libyen, a été congestionné, après la fermeture côté tunisien du principal point frontalier de Ras Jedir à la suite d'un incident survenu mercredi, quand un ressortissant libyen a fait usage de son arme à feu pour forcer le passage, blessant un douanier tunisien. Craignant des risques de dérapage, la Tunisie a demandé officiellement à Tripoli de placer ce poste frontière «sous la responsabilité d'agents des forces régulières et professionnelles». Ce n'est pas la première fois que de tels incidents se produisent. Un journaliste travaillant pour le compte d'un quotidien public tunisien a confié à El Watan que de nombreux Libyens ont tenté, ces derniers jours, d'entrer sur le territoire tunisien avec de l'armement. Le mandat de la Manul renouvelé Devant le refus de l'armée tunisienne de les laisser passer, ceux-ci ont fait usage de leurs armes. Des guérites de la Douane tunisienne avaient été aussi endommagées ces derniers mois et des altercations ont souvent eu lieu au moment des grandes affluences, la queue s'étendant parfois sur des kilomètres. En raison de la précarité de la situation sécuritaire qui prévaut dans la région, le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé, de son côté, de renouveler pour trois mois le mandat de la Mission d'assistance des Nations unies en Libye (Manul). Celle-ci aura désormais pour objectif prioritaire de lutter contre la prolifération des armes. La résolution adoptée vendredi à l'unanimité par le Conseil de sécurité souligne que la Manul devra «épauler et soutenir les efforts faits par la Libye pour prévenir la prolifération d'armements et de matériel connexe de tous types, en particulier de missiles sol-air portables». La situation est dangereuse d'autant plus qu'une évaluation crédible de tous les sites d'armements libyens n'a toujours pas été faite. Il est à rappeler que les caches d'armes, en particulier celles concernant des milliers de missiles sol-air portables laissés par le régime de Mouammar El Gueddafi, suscitent une inquiétude croissante. Les voisins de la Libye, à commencer par l'Algérie, ont tous exprimé leur crainte que des armes et des munitions puissent tomber entre les mains de groupes terroristes extrémistes.