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Djebel Nefoussa célèbre la fin de la dictature dans l'humilité
Le régime d' El Gueddafi tombe après 6 mois de guerre civile
Publié dans El Watan le 23 - 08 - 2011

Depuis la prise par les rebelles, le 28 juillet dernier, à l'issue d'âpres combats, du village d'Al Ghazaya, la vie commence timidement à reprendre son cours dans une grande partie des localités du sud-ouest de la Libye.
Nalout (Libye).
De notre envoyé spécial

Les troupes pro-El Gueddafi se servaient de cette bourgade bâtie au sommet d'une montagne comme base pour pilonner, à l'aide de roquettes Wazzan et Nalout, deux villes tombées aux mains des «thouar» (révolutionnaires, ndlr) dès les premiers mois de l'insurrection. Le danger étant définitivement écarté, l'axe routier, reliant le poste frontière de Dhehiba au Djebel Nefoussa, est de nouveau fréquenté par les automobilistes.
Les populations locales, qui pour la plupart s'étaient réfugiées durant la guerre à Dhehiba ou à Tataouine en Tunisie, ont commencé à regagner leur domicile. Toutefois, beaucoup de familles ne pourront pas (ré) emménager avant un bon bout de temps en raison d'importants dégâts matériels occasionnés par les combats. «J'avais espéré rentrer chez moi pour terminer le mois de Ramadhan, mais j'ai dû y renoncer. Je suis originaire de Tkout, et là où j'habite, tout est en ruine. Je n'ai donc pas d'autre choix que de rester en Tunisie le temps de trouver une solution», lâche dépité Akram qui se voit contraint de prolonger son séjour au camp de réfugiés de Tataouine où une tente a été mise à la disposition de sa famille.
Sur la route reliant Dhehiba à Wazzan, première agglomération libyenne en venant de Tunisie, des carcasses de voitures calcinées jonchent le long de la voie. Elles témoignent de l'intensité des affrontements qui ont opposé, des semaines auparavant, la rébellion et les forces loyales au colonel El Gueddafi. Bien que les maisons aient été ici globalement épargnées par les bombardements, la localité ressemble à une ville fantôme. Il n'y a plus âme qui vive. Recouvertes d'une épaisse couche de poussière, les habitations construites sur un flanc de montagne semblaient plongées dans une profonde hibernation. «C'est normal, les gens hésitent à revenir, ils ont encore peur, ils étaient en plein dans la ligne de mire des kataib (les brigades d'El Gueddafi, ndlr). Ça n'a pas été du tout facile pour eux, mais par la volonté de Dieu, nous y sommes parvenus», lance fièrement Abdelhakim qui nous a aimablement déposés à Nalout. L'oreille collée à un vieux transistor diffusant, d'un son presque inaudible, les dernières nouvelles sur le siège de Tripoli, il enchaîne : «Ne t'inquiète pas, les habitants reviendront bientôt. El Gueddafi et ses kataib sont cuits.»
Aux frontières du réel
Abdelhakim ne pensait pas si bien dire. Le soir même, les rebelles sont entrés dans Tripoli et ont célébré leur victoire sur le «guide sanguinaire» au niveau même de la place verte devant les caméras de télévision du monde entier. Une place à partir de laquelle le colonel déchu a menacé à de nombreuses reprises de les écraser depuis le 17 février, date du début de l'insurrection. Engagé dans la lutte contre le régime d'El Gueddafi depuis le premier coup de feu tiré par les éléments des «kataib» contre les habitants de Benghazi, Abdelhakim, la quarantaine bien entamée, est depuis passé maître dans l'art de la guérilla. Il a à son actif d'innombrables faits d'armes.
Originaire de Nalout, il est maintenant chargé par son commandement d'assurer, avec son vieux camion à benne de couleur beige, la liaison entre les localités du Sud-Ouest libyen «libérées» et le poste frontalier avec la Tunisie de Dhehiba contrôlé par les insurgés. C'est par ce couloir stratégique, distant d'environ 300 km de Tripoli, que transite quotidiennement une partie du matériel et des marchandises destinées au «front» sud et que sont évacués vers l'hôpital de Tataouine les révolutionnaires blessés au combat.
Ras Jedir, l'autre point de contrôle entre la frontière tuniso-libyenne, à 250 km plus au nord, étant fermé depuis deux jours par les autorités tunisiennes à titre préventif (le temps probablement de voir comment va évoluer la situation à Tripoli), c'est aussi Dhehiba qu'ont emprunté les populations civiles ayant fui les combats à Zawiyah pour se rendre en Tunisie. Malgré la déroute des troupes d'El Gueddafi et le contrôle par les rebelles de la majorité du territoire libyen, les centaines de familles continuaient à affluer dimanche vers Tataouine via ce passage. «C'est encore chaud dans certains endroits du littoral. Il y a un peu partout des desperados. Nous préférons revenir lorsque la situation sera davantage plus stable», témoigne Abdelfettah, un jeune Libyen originaire de Zawiyah, arrivé en début de matinée à Dhehiba en compagnie de sa femme à bord d'une Toyota Corolla dernier cri.
Une population en fuite, des villages entièrement détruits
Côté libyen, ce sont bien évidemment des «thouar» armés jusqu'aux dents qui se chargent de contrôler les entrées et les sorties. Et pour accéder au territoire libyen, nul besoin d'un cachet humide, de remplir une fiche de renseignements ou encore de traverser un portique de sécurité.
Il suffit tout au plus de présenter un document de voyage et de répondre à quelques questions sommaires du style «que viens-tu faire ici ou où comptes-tu te rendre ?», posées à la va-vite à l'entrée d'une cabine saharienne aménagée en bureau et sur laquelle flotte le nouvel étendard vert, rouge et noir de la Libye. «Tiens… un journaliste algérien ici !», s'exclame un jeune rebelle chargé de la sécurité en feuilletant le passeport qui venait de lui être tendu… c'est-à-dire le mien. «Beaucoup de journalistes étrangers ont transité par ici, mais toi, tu es bien le premier journaliste arabe à venir nous voir», poursuit-il un peu surpris. «Alors, comment vont les Algériens ? Et vous, quand allez-vous faire votre révolution… Il ne reste plus que vous», bombarde-t-il de questions. Jusque-là affairé à contrôler un pick-up chargé de marchandises, un de ces compagnons d'armes - qui tendait visiblement l'oreille - profite aussi pour placer quelques remarques. Mais il regrettera surtout la «tiédeur» de l'Algérie à l'égard du soulèvement de la population libyenne contre El Gueddafi.
«Tout le monde est le bienvenu dans la nouvelle Libye, mais nous ferons la distinction quand même entre ceux qui étaient à nos côtés et ceux qui nous ont tourné le dos», prévient, quelque peu remonté, un autre soldat rebelle qui suivait la conversation.
Cette mise au point faite, l'autorisation m'est enfin donnée de poursuivre mon périple jusqu'à Nalout distante de la frontière de 76 km.
On proposera gentiment de m'y déposer. C'est comme ça que nous ferons la connaissance d'Abdelhakim, la personne avec laquelle je traverserais Wazzan, la ville fantôme. «Monte, si tu veux aller voir ce qui se passe à Nalout. C'est là-bas que je me rends aussi. Aucune crainte, maintenant, la région est sécurisée», soutient-il. Mais c'est tout de même avec une kalachnikov sur les cuisses, une caisse remplie de munitions et le regard alerte qu'il fera le trajet de Dhehiba jusqu'à l'entrée de Nalout où 3 hommes armés de la rébellion, dont l'un portait une tenue afghane, avaient dressé un barrage. «Pas d'inquiétudes, ça sera juste un contrôle de routine», assure Abdelhakim.
«C'est pour quand la révolution en Algérie ?»
Une fois arrivé au niveau du check-point, on m'invita à descendre du camion et expliquer l'objet de ma présence en Libye.
Comme à Dhehiba, une discussion est engagée très vite sur la «position» de l'Algérie à l'égard de la «révolution libyenne» et «l'avenir politique de l'Afrique du Nord».
Cela, à la différence que cette fois, mes interlocuteurs ne prendront pas vraiment les choses à cœur. C'est donc sur le ton de la plaisanterie que les échanges ont lieu. «Tiens, tu es né dans une région berbérophone connue ; ici aussi, nous sommes nombreux à parler le berbère», fait remarquer Ali, l'un des trois rebelles qui avaient demandé à voir mon passeport et ma carte de presse. «Notre dialecte se rapproche beaucoup de celui parlé dans la vallée du M'zab. D'ailleurs, lorsque je voyage, je dois reconnaître que je me sens en sécurité quand je rencontre des gens de cette communauté», confie-t-il avant d'exprimer le profond souhait de voir la langue berbère «prendre la place qui lui revient de droit dans la nouvelle Libye».
«Nous avons tellement souffert de l'exclusion et de la misère. Pour se maintenir au pouvoir, le tyran de Tripoli a maintenu la population dans l'ignorance et l'a privée de tout. Il nous faudra du temps et beaucoup de sacrifices pour sortir la tête de l'eau et remettre la Libye sur les rails. C'est pour ça que nous ne nous enflammons pas. Nous savons que le plus dur reste à faire», soupire Ali perdu dans ses pensées. Son rêve : voir se construire, enfin, une Libye libre où chacun aura sa place. Non loin de là, Nalout, la libérée, vibrait aux sons stridents des klaxons des voitures et reprenaient en chœur les refrains des chants dédiés à la gloire de la «révolution des jeunes». Malgré leur humilité, ses habitants avaient tenu, en effet, à sortir dès l'aube dans la rue pour laisser exploser leur joie et célébrer dans l'allégresse la fin tant espérée de 42 ans de dictature.
Il est vrai que la victoire contre El Gueddafi et son régime a valeur de renaissance pour les Libyens.


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