Coup de théâtre hier à l'Assemblée populaire nationale (APN) lors de la séance plénière consacrée au vote du projet de loi organique relative aux partis politiques. Le MSP a créé la surprise en osant voter contre le projet de loi, alors qu'au préalable, il s'est abstenu concernant le vote article par article du projet. Première du genre depuis la mise sur pied de l'Alliance présidentielle composée du FLN, RND et MSP. Le PT a emboîté le pas à ce dernier, en se prononçant contre le projet, les élus d'Ennahda ont quitté la salle avant le vote global, alors que ceux du FNA ont boycotté cette séance. Seuls donc les députés du FLN et du RND ont approuvé le projet de loi. Le deuxième fait marquant de cette journée est la mise au point de Abdelkader Ziari, président de l'Assemblée, à l'encontre des députés qui stigmatisent l'instrumentalisation du sigle FLN. Une mise au point qui a choqué plus d'un. M. Ziari a transgressé le règlement intérieur de l'APN en troquant sa casquette de président de l'APN contre celle du militant du FLN. Irrité, au-delà de toute vraisemblance, par les propositions de certains députés, notamment celle de Ali Brahim, dissident du RCD, au sujet de l'article 5, qui estime que le sigle du FLN devrait rester une mémoire collective, propriété du peuple algérien et aucun parti ne peut utiliser partiellement ou intégralement les noms et les symboles du mouvement de Libération nationale. Ali Brahimi a parlé de l'existence de «harka» au sein du FLN. Dans sa réponse, le président de l'APN accuse ces détracteurs d'être en retard d'un demi-siècle. «Vous auriez pu faire cette proposition au lendemain de l'indépendance et non maintenant», lance-t-il tout en précisant que le FLN est en droit d'exister comme tout autre parti. «Vous avez attaqué un parti présent dans la salle. Le FLN est présent dans la Constitution algérienne depuis cinquante ans, il n'est pas né en 2011. Beaucoup de dirigeants d'autres partis en sont issus», poursuit-il. Et d'insister, défiant l'assistance : «Si vous êtes capables de faire mieux que le FLN, allez-y. Mais souvenez-vous que le peuple juge les faits et non les paroles», a soutenu l'orateur en allusion à la demande de certains de «mettre le parti du FLN au musée». L'autre article, qui a suscité une polémique et des interrogations, est le numéro 4. La commission des affaires juridiques de l'APN l'avait amendé en remplaçant le mot «instrumentalisation de la religion» par «exploitation de la religion». La commission avait également supprimé tout un chapitre de cet article. Seulement après le débat, la commission s'est réunie avec le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales pour l'étude des 165 amendements proposés par les députés. Finalement, la commission a été sommée par le gouvernement, selon certains parlementaires, de reconduire le chapitre supprimé. L'objectif d'une telle démarche est de fermer toute les portes au parti dissous, ex-FIS. Cet article stipule que «le droit de fonder un parti politique, de prendre part à sa fondation ou de faire partie de ses organes dirigeants, est interdit pour toute personne responsable de l'exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale. Ce droit est interdit également à quiconque ayant participé à des actions terroristes et qui refuse de reconnaître sa responsabilité». Par ailleurs, la commission des affaires juridiques a introduit un amendement (article 87) qui n'obligera pas les personnes ayant déjà déposé un dossier pour la constitution de partis politiques de constituer un nouveau dossier. Désormais, les personnes concernées devront seulement compléter le dossier par d'autres documents nécessaires. Les députés ont aussi approuvé l'article 77 du projet portant sur «la déchéance» du mandat électoral en cas de dissolution «définitive» du parti auquel appartient l'élu.