La révision prochaine de la loi sur les hydrocarbures ne signifiera en aucun cas un retour à la première mouture de la loi Khelil. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a indiqué, hier en marge du Congrès du pétrole à Doha, que l'Algérie gardait sa souveraineté sur ses réserves hydrocarbures et qu'il n'est pas question de toucher à la règle des 51/49. Il a ainsi précisé dans une déclaration reprise par l'APS que «la réflexion sur les incitations à l'investissement étranger, qui seront apportées à la loi sur les hydrocarbures, ne concernent aucunement la règle de 51/49% qui demeure, quant elle, un fondement de notre loi». Tout en restant laconique sur les contours de la révision de la loi, le ministre a répété encore une fois que des incitations fiscales et contractuelles «seront apportées spécialement pour booster l'exploration dans l'offshore et les hydrocarbures non conventionnels». Si la souveraineté sur les richesses de l'Algérie est inaliénable, il n'en demeure pas moins qu'il est aujourd'hui essentiel pour l'Algérie de valoriser son domaine minier. Un domaine qui est encore, selon les propos de M. Yousfi, sous-exploré. Une position qui tranche d'ailleurs avec le discours développé juste après l'amendement de la loi des hydrocarbures de 2005, où il était plus question de préserver «les ressources actuelles pour en faire bénéficier aussi les générations futures». Cependant les faits sont têtus, et les responsables du secteur ont dû prendre conscience de la nécessité de traiter la situation avec réalisme. Les besoins internes sont en augmentation constante. Que ce soit en carburant, en gaz ou en électricité, la consommation du marché local connaît une croissance exponentielle. L'Algérie est également en perte de vitesse sur un marché mondial où les besoins sont appelés à croître rapidement. Toutefois, les réserves prouvées de l'Algérie stagnent depuis quelques années à 12,2 milliards de barils de pétrole et à 4500 milliards de mètres cubes de gaz, selon les derniers chiffres de l'OPEP. La production a également connu un net recul entre 2006 et 2010, passant de 1,368 million de barils/jour à 1,189 million de barils/jour pour le pétrole et de 88,2 milliards de mètres cubes à 83,9 m3 pour ce qui est du gaz. Il est donc aujourd'hui essentiel de rattraper le retard. M. Yousfi a d'ailleurs indiqué à Doha que l'objectif de son département à moyen terme est de conforter les réserves et de porter la production de pétrole à 1,5 million de barils/jour au lieu de 1,2 mb/j actuellement. En première ligne, Sonatrach. La compagnie nationale des hydrocarbures prévoit un plan d'investissement d'un peu plus de 64 milliards de dollars, dont 12% sont destinés à relancer l'exploration. Toutefois, l'apport des compagnies étrangères serait indispensable, notamment pour ce qui est de l'exploration offshore et des hydrocarbures non conventionnels. Une option qui s'impose d'elle-même avec l'accélération de la croissance des besoins et le déclin des vieux gisements.