C'est devant un public clairsemé qu'un défilé de mode de tenues traditionnelles, signé par deux couturières, a eu lieu, jeudi soir, à la salle Ibn Khaldoun. A 21 h passés, la salle Ibn Khaldoun affichait une poignée de personnes. Explication : le concert-événement de Hani Chaker a « incité » les gens à se rendre instinctivement vers la Coupole du 5 Juillet. Les choix ne se discutent pas. Après le passage sur scène du chanteur du chi'r el malhoun (poésie populaire) et du style wahrani, Abdelkader El Khaldi, la couturière Mme Cherifa Chiheb a exhibé ses créations. Des tenues portées remarquablement par des mannequins professionnels, évoluant au sein de l'association Art et Mode. La créatrice a choisi une vingtaine de tenues traditionnelles issus de Constantine et des Aurès. Les karakous et les gandouras, finement travaillées au medjboud (soutaches), à la fetla ou encore à la chaâra se sont taillées la part du lion. Voulant apporter une touche moderne, les karakous sont portés avec des jupes panneaux, volantes ou en queue de poisson. A travers ce premier défilé de mode, cette couturière de l'ombre exerce dans le métier depuis une vingtaine d'années. La 2e collection de Mme Khadidja Zeggane a présenté un éventail de la dernière collection de caftans marocains. Diplômée d'une école de haute-couture à Paris et spécialiste des défilés de mode notamment au Maroc, Khedidja explique que la clientèle féminine algérienne réclame le caftan marocain dit du « maître ». Déclinés sur toutes les formes et toutes les couleurs, les caftans sont réalisés à partir de soie sauvage, de taffetas et du tulle travaillé : des matières premières nobles. A la question de savoir pourquoi elle a choisi d'axer son défilé sur des pièces importées du Maroc, notre interlocutrice explique que le prêt-à-porter est son cheval de bataille. Cependant, elle objectera : « Vu qu'on m'a averti aujourd'hui à 14 h que je devais participer à un défilé, j'ai ramené ce que j'avais à portée de main. » Si ce défilé de mode s'est caractérisé par une riche et imposante collection de tenues, il n'en demeure pas moins qu'à un certain moment l'organisation a enregistré une défaillance. La présentatrice a certes fait une apparition furtive en début de soirée, mais dommage qu'elle n'ait pas pris le soin d'annoncer les couturières. Les deux collections ont été présentées successivement. Les présents étaient « déboutés ». On ne savait pas à qui appartenait la signature des collections. La cerise sur le gâteau a été incontestablement le moment de la fin quand les deux couturières, accompagnées des mannequins, ont regagné la scène. « Déboutées », ces dernières, esquissant un sourire gêné au public, se sont retirées... Une histoire sans parole pour ces fées de la couture.