Enigmatique. En déplacement hier dans la wilaya de Laghouat où il a présidé la cérémonie d'ouverture de l'année universitaire 2011-2012, le président Bouteflika a prononcé, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, un discours très bref (moins de cinq minutes), où il s'est contenté d'annoncer seulement deux décisions. Laghouat. De notre envoyé spécial Et ce ne sont pas les plus attendues. Il s'agit de la promotion au rang d'université d'un certain nombre de centres universitaires et de l'instruction donnée au ministre de l'Enseignement supérieur et à celui de la Santé de mettre en place des CHU dans les wilayas du Sud qui disposent de moyens. Mais à la fin de la cérémonie, les journalistes chargés de la couverture de cette sortie présidentielle ont été surpris par la distribution d'un discours (écrit) de 7 pages, dont la partie la plus importante n'a d'ailleurs pas été lue par le chef de l'Etat. Cette dernière concerne le volet des «réformes politiques» lancées le 15 avril dernier. Dans ce chapitre, Abdelaziz Bouteflika se montre satisfait du processus «des réformes» qu'il qualifie de «sincères». «Le monde connaît de grands changements et la nation arabo-musulmane connaît un parcours difficile. L'Algérie, en tant que partie de ce grand monde, a une influence et elle est influencée par ce qui se passe autour d'elle. Dans ces conditions, elle a pris sa responsabilité sincère de mettre en place un climat de réformes politiques, économiques et sociales qui répondent aux aspirations de la société et ses attentes de réformes permanentes, à travers un débat constructif et une large consultation des forces politiques et de la société civile dans le cadre de l'Etat de droit», est-il écrit. Cette démarche caractérisée, estime le Président, «par l'élargissement du débat vise l'introduction de profonds changements sur le dispositif législatif régissant la vie politique, afin de réaliser un nouveau saut qui consiste à enraciner le processus démocratique, à renforcer les équilibres des pouvoirs afin de garantir le respect des libertés individuelles et collectives, les droits de l'homme et rendre plus efficace l'action du mouvement associatif à travers l'élargissement de la participation des citoyens dans l'activité politique, avec notamment la promotion du rôle de la femme et de la jeunesse». Le président Bouteflika se dit, dans la foulée, déterminé à aller jusqu'au bout de sa démarche : «Les décisions prises récemment dans ce sens prouvent notre détermination à concrétiser, à travers ces réformes, les aspirations du peuple à une Algérie unie et animée d'une même volonté, à un présent prospère et à un avenir meilleur.» Le chef de l'Etat se félicite également de «la réussite de son action visant à réaliser la stabilité et la sécurité». «L'Algérie est aujourd'hui en paix et œuvre pour la construction d'une société basée sur les principes de la liberté, de la justice et de la solidarité dans un climat de sécurité et de concorde, après avoir réussi à dépasser la crise qui a menacé sa stabilité et sa capacité à s'inscrire dans le développement», affirme-t-il. Pourquoi n'a-t-il pas lu cette partie du discours ? Aucune réponse. En tout cas, Abdelaziz Bouteflika est déterminé à ne rien changer à sa démarche. Alors que des voix, qui lui sont très proches pourtant, ne cessent de solliciter son intervention pour effectuer une deuxième lecture des textes de loi examinés récemment à l'APN, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, le président du MSP, Bouguerra Soltani, et la sénatrice Zohra Drif-Bitat contestent, en effet, le contenu des projets de textes adoptés par l'APN qui sont, selon eux, vidés de leur substance. Leurs appels incessants ressemblent finalement à des prêches dans le désert. Car la deuxième lecture voulue n'est pas dans l'agenda de Abdelaziz Bouteflika…