Le ministre des Affaires religieuses et des wakf, Bouabdallah Ghlamallah, qui a inauguré la rencontre, a rappelé que «Benabi était un précurseur de la politique et de la civilisation (…) Sa problématique de la pensée nous interpelle jusqu'à aujourd'hui tant sa vision était réaliste et futuriste». Une reconnaissance post mortem, sommes-nous tentés de dire, qui sonne comme un mea culpa tardif. Pourtant, tous les intervenants, qui se sont succédé à la tribune, à l'image de Mohamed-Ali Boughazi, conseiller du président de la République, au-delà des phrases glorifiant le philosophe, n'ont cru intéressant de ressentir un regret quant au «mépris» de l'œuvre de Bennabi par les différents gouvernants algériens. Les orateurs ont préféré évoquer le penseur qui tenait tête au colonisateur français par ses écrits et ses conférences de l'époque, en rappelant ses critiques de l'administration coloniale, son idéologie, son concept de «colonisabilité» (un vocable désignant une société apte à être colonisée du fait de sa régression). Le colloque auquel ont participé, également, des chercheurs et universitaires de France, de Turquie, du Liban, de Syrie, du Maroc, de Tunisie et d'Arabie Saoudite, en plus de l'ancien archevêque d'Alger Henri Teissier, a mis en exergue l'intérêt du philosophe et sociologue qui a tenté de «concilier la science et la pensée arabes inspirées du Coran et de la sunna et du patrimoine arabo-islamique, d'une part, et la science et la pensée occidentales inspirées du patrimoine gréco-romain et chrétien». Tout un programme de société n'ayant jamais inspiré un quelconque dirigeant.