Autrefois grenier de l'Europe, l'Algérie peine à assurer sa sécurité alimentaire. Le secteur agricole bat de l'aile pour plusieurs raisons : instabilité de la production agricole liée aux aléas climatiques, régression des ressources en terres et en eaux, restructurations successives et morcellement des terres, phénomènes d'érosion et de désertification. Ajouter à cela, l'archaïsme qui prévaut dans ce secteur, la gabegie dans la gestion. Autant de boulets qui l'empêchent à sortir de l'ornière. A titre d'illustration, la production céréalière a atteint 42,45 millions de quintaux lors de la saison 2010-2011, en baisse de 7% par rapport à la récolte de 2009/10 (45 millions de quintaux). Une chute de performance que les services du ministère de l'Agriculture imputent à la sécheresse qui a frappé l'ouest du pays. Quant à la filière lait, la production enregistrée au cours de la même campagne s'élevait à plus de 2,92 milliards de litres. Celle de la pomme de terre était estimée à 38,49 millions de quintaux cette année contre 32 millions de quintaux la saison dernière. Au ministère de l'Agriculture, on parle de résultats «positifs». Cependant, à défaut de couvrir les besoins alimentaires sans cesse croissants, le gouvernement recourt systématiquement à des importations massives pour combler un déficit structurel. Céréales, lait, légumes secs, sucres, café, la dépendance par rapport à l'étranger concerne tous les produits de première nécessité. Au cours des 9 premiers mois, la facture alimentaire a enregistré une hausse de plus de 66%, tirée essentiellement par les céréales, dont les achats ont plus que doublé, selon les Douanes algériennes. Les produits alimentaires, qui représentent plus de 20% du volume global des importations de l'Algérie, se sont établis à 7,29 milliards de dollars durant les 9 premiers mois de 2011, contre 4,37 milliards de dollars durant la même période en 2010. Spectaculaire, cette augmentation est engendrée par une hausse de 103,9% des importations des céréales, semoules et farines, passant de 1,47 milliard de dollars durant les 9 premiers mois 2010 à 3,01 milliards de dollars à la même période en 2011. Les importations de blés (dur et tendre), qui représentent plus de 42% dans la structure des céréales importées, ont totalisé près de 2,2 milliards de dollars. Après les céréales, la hausse la plus significative concerne les laits et produits laitiers avec plus de 72,56% et une facture qui passe de 712 millions dollars à 1,23 milliard de dollars. Idem pour la facture des importations des sucres et sucreries qui a grimpé de 67,23%.