Le Palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba accueille, du 22 au 29 décembre, le premier Festival de l'habit traditionnel de l'Ouest. Désormais, Alger aura, chaque année, son Festival de l'habit traditionnel. En effet, le ministère de la Culture a décidé, depuis avril 2010, d'institutionnaliser cette manifestation, avec, pour chaque année, un thème. La présente édition a pour slogan «Bloust'na» : une façon singulière de revendiquer la paternité de ce vêtement séculaire algérien. Le choix de l'Ouest algérien pour organiser cette première édition se veut un hommage à la ville de Tlemcen, qui, rappelons-le, abrite la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique». Lors de l'inauguration du festival, jeudi dernier en fin de journée, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a insisté sur l'importance de préserver ce patrimoine culturel et artistique, insistant sur le rôle de la formation afin d'assurer la pérennité de cet héritage. Selon la ministre, ce festival est l'occasion idéale pour faire connaître l'habit traditionnel algérien, reflétant ainsi les coutumes et traditions des différentes régions du pays. De son côté, la commissaire de ce festival et directrice du Musée national des arts et traditions, Mme Amamra, a indiqué que la «blousa» est connue dans sa région d'origine, mais méconnue et moins portée dans d'autres wilayas. «Le but de cette manifestation est de faire connaître un peu plus ce patrimoine de la ‘‘blousa'' et de la ‘‘chedda'' de Mostaganem», dit-elle. Le festival est organisé dans deux espaces distincts, soit deux salles d'exposition d'une superficie totale de 800 m2. Dans le premier espace, attenant à l'entrée principale du Palais de la culture, se tient une mini-exposition de pièces anciennes. Dans des vitrines sont agencés, un caftan datant d'un siècle, des empiècements, des manches en dentelles, une ceinture et des morceaux de tissu brodés et perlés. La deuxième salle d'exposition se décline sous la forme d'une chorégraphie assez bien structurée. A travers un couloir en forme de «L», le visiteur est invité à faire un voyage initiatique pour découvrir les différentes facettes de la «blousa» de l'Oranie. Accrochées aux murs, chaque «blousa» se différencie d'une styliste à une autre, mais avec toutefois ce même cachet ancestral. En tout, ce ne sont pas moins d'une trentaine de tenues, venant d'Oran, de Mostaganem et Tlemcen qui sont exposées, pour le plus grand bonheur des visiteurs. Pour la circonstance, quatre stylistes ont présenté leur collection, dédiée à la «blousa» dont, entre autres, Nacéra Hamida, M'Barka Touati et Saouli Fatiha. En outre, cette exposition peut se targuer d'offrir au regard des pièces datant parfois d'un siècle. En effet, certaines dames, propriétaires de «blousas» anciennes, ont accepté de prêter, le temps de ce festival, leurs tenues. Parmi ces tenues, citons cette «blousa» de fête de Nedroma, à Tlemcen, de Fatma Zerhouni. La robe est en soie imprimée. L'encolure est perlée et pailletée. La propriétaire, Mme Nouacer, est venue avec deux robes de fête de couleurs vert d'eau et marron, conçues en tulle, entièrement pailletées en forme d'écailles de poisson. Pour sa part, Mme Benalouane a exhibé une robe ancienne en tulle et à empiècement pailleté. Mme Trigui propose une robe de fête typique de la ville de Tlemcen. La robe est en tissage de soie argentée «mensoudj» avec des manches agrémentées de petites gouttes transparentes. Yetta Fatiha, de Mascara, elle, propose une «blousa» avec une encolure brodée avec des perles cannetille et strass. Si les tenues de fête occupent une place de choix, il n'en demeure pas moins que le public découvrira des tenues portées en cas de deuil. Mais, incontestablement, la tenue qui retiendra le plus l'attention est la «chedda» de Mostaganem, où les deux comparses, en l'occurrence la styliste Nacéra Hamida, et la designer Sebah Khouira se sont attelées à présenter la mariée de leur région. Dans une longue vitrine se dresse cette mariée enveloppée dans des tissus nobles et brillants et parée de bijoux anciens, notamment faits de pièces anciennes. Comme en témoigne cette chéchia «soltani», de cent ans, incrustée de petits louis d'or, de cette «khabaya» (gilet) remontant à la même date et de cette robe brodée au mensoudj. La tête est cintrée dans une «choucha» (pompon), et «khit el rouh (collier). La tenue de fête de petite fille n'est pas en reste, puisque sur le mannequin on peut apercevoir tout l'attirail adéquat dit «El Cheddah Fertous». Il est à noter que cette manifestation, qui se poursuivra jusqu'au 29 de ce mois, comportera plusieurs autres activités, dont un atelier de dessin et de collage en après-midi, pour les enfants les 24, 26 et 27 décembre, des visites guidées et des contes pour enfants, une conférence, portant sur le costume traditionnel en général, le 14 décembre à 11h et un défilé de mode, prévu le 29 décembre, à 16h30.