Lors de la dernière mandature de nos maires, plus de 700 élus ont eu des démêlés avec la justice. Les uns pour avoir tordu le cou au code des marchés, les autres pour avoir commis des malversations dans l'exercice de leurs charges. Et passe des affaires d'assiettes foncières suspectes dans lesquelles ont été impliqués certains édiles. En clair, la gestion de nos communes reste tant décriée par les administrés, au moment où l'administration centrale n'a pas jugé bon d'associer les maires quant à l'élaboration du code de la commune. Ces derniers, qui déclarent ne pas avoir les coudées franches pour servir la collectivité, n'ignorent pas, pourtant, les tracas et les incertitudes liés à la gestion d'une commune avant de décider de prendre leur bâton de pèlerin et aller battre le pavé pendant chaque campagne électorale. Ils brandissent un semblant de programme qu'ils promettent de réaliser lors de leur durée élective. Ils s'agitent dans tous les sens dans les rues, investissent les cafés en usant de tous les moyens pour aguicher la plèbe à voter en leur faveur. «Nous ne sommes pas comme les autres, nous tenons à être à la tête de la commune pour vous servir et non pour nous servir», font-ils entendre aux bonnes gens. Ils donnent de la voix. Ils s'égosillent et vous font dessiller sur leur bonne volonté et compétences au point de vous laisser sans voix. Une fois installés dans leur tour d'ivoire, certains commis de l'Etat ne tardent pas à cadenasser portes et services que renforce une escouade de jeunes agents dits de sécurité. Ils se terrent dans leurs bureaux lambrissés. «Ils sont en réunion ou en mission», vous lancent platement leurs secrétaires. Bien qu'ils vous refilent leurs numéros de portable pour les mettre au fait des préoccupations de la cité, le répondeur vocal vous prie de prendre votre mal en patience. Après voir grillé de les rencontrer, ils vous inscrivent sur leur pense-bête, mais ils sautent le rendez-vous tant espéré. Et si la chance vous sourit, vous pourrez prendre langue avec un des élus pour vous prêter une oreille attentive à votre doléance. Ce dernier peut, lui aussi, vous envoyer paître, sinon vous arranger le portrait s'il se sent de mauvaise humeur. C'est ce qui s'est passé dernièrement dans la commune de Bologhine, où un respectable citoyen s'est vu traiter avec rudesse avant d'essuyer un coup de boule de la part d'un élu surexcité. Ce dernier n'en est pas à sa première incartade ni à sa première «bévue». Mais Zizou fait toujours des émules.