Le retrait du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de l'Alliance présidentielle, dont il est membre depuis sa création en 2004, sera probablement annoncé aujourd'hui. Le président du parti, Bouguerra Soltani, qui avait annoncé la couleur il y a quelques jours, l'a laissé entendre, encore une fois, à l'ouverture, hier à Alger, des travaux d'une session ordinaire du conseil consultatif (madjliss echoura) du parti, la plus haute autorité du mouvement entre deux congrès. «2012 sera l'année de la compétition et non de l'alliance», lance-t-il. Et d'ajouter : «Il est prouvé, aujourd'hui, que continuer dans l'Alliance présidentielle à l'horizontale, c'est persister dans la médiocrité politique.» Sérieuse option ou simple diversion ? Le président du MSP a, rappelons-le, critiqué à plusieurs reprises cette troïka, dont il siège en compagnie du FLN et du RND. Il y a quelques mois, il avait même menacé de se retirer de l'alliance, mais sans pour autant passer à l'acte. En tout cas, la décision sera annoncée aujourd'hui à l'issue de la réunion du conseil consultatif. Galvanisé par la victoire des islamistes en Tunisie et au Maroc, le parti de Bouguerra Soltani se voit d'ores et déjà comme première force politique du pays. Mais il semble craindre «une éventuelle fraude électorale qui le priverait d'une victoire». «Le Mouvement appelle les enfants de l'Algérie à adhérer au Front national contre la fraude, pour protéger la démocratie et le respect des urnes», déclare-t-il. Force est de constater que ce message est lancé à l'administration, mais particulièrement à Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia. Lundi dernier, le secrétaire du FLN avait prédit entre 35 et 40% des suffrages en faveur des islamistes. Le lendemain, les partis de ce courant avait crié au scandale et «dénoncé une fraude actuellement en préparation». Ce faisant, «le MSP demande à la justice d'appliquer à la lettre le contrôle judiciaire». Le chef de la formation islamiste, de tendance Frères musulmans, conseille aux «décideurs de retenir la leçon de ce qui s'est passé dans certains pays arabes». «Ecoutez, le peuple et respectez sa volonté afin d'éviter la confrontation. Les Algériens ont payé deux fois un lourd tribut à cause des erreurs du régime», déclare-t-il. Selon Bouguerra Soltani, «la situation sociale dans le pays est encore trouble». «Le scénario de la révolte du sucre et de l'huile de janvier 2011 risque de se répéter, car les causes sont toujours d'actualité», estime-t-il. Par ailleurs, le président du MSP appelle le chef de l'Etat à sauver ses réformes politiques. Bouguerra Soltani caresse toujours le rêve de voir le Président intervenir pour revoir le contenu des lois approuvées à l'APN par les députés «FLNistes et RNDistes». «Les réformes (que le MSP a examinées durant six mois) ont été vidées de leur substance par les partis de la majorité», dénonce-t-il. Il est à rappeler que le FLN et le RND, comme annoncé par leurs responsables, ne se sentiront pas orphelins après le retrait de leur partenaire «islamiste modéré» de l'Alliance présidentielle.