Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, s'est exprimé, hier, sur les ondes de la Chaîne II, au sujet de la menace de licenciement qui pèse sur les 7000 salariés d'ArcelorMittal El Hadjar (Annaba). La filiale algérienne du géant mondial de l'acier a en effet pris rendez-vous pour dimanche au tribunal d'El Hadjar pour étudier les procédures de dépôt de bilan qu'on annonçait imminent. Un sort qu'on «peut éviter», selon le ministre qui se veut optimiste. Les négociations entre la direction de l'entreprise et la BEA pour l'obtention d'un prêt afin d'appuyer un plan d'investissement estimé à 270 millions de dollars, iraient dans le bon sens, d'après M. Benmeradi. Revenant sur le refus de la BEA de financer le plan d'ArcelorMittal, le ministre a rappelé qu'«une banque est chargée d'assurer des financements» conditionnant toutefois «des garanties, dont la BEA ne disposait pas». Le ministre n'a pas manqué de relever la «nette évolution de la position du partenaire (ArcelorMittal, ndlr) qui a fini par offrir des garanties. La banque lui a déjà accordé 5 milliards de dinars, dont 1,5 milliard libérés hier, (mercredi), sur une demande globale de 13 milliards de dinars», a-t-il affirmé. Il a déclaré que pour «ce premier prêt, la banque a obtenu comme garantie un lotissement sur les équipements», mais qu'elle attendait donc d'autres garanties pour libérer les 8 milliards restants, expliquant qu'«ils sont un crédit relais que l'entreprise avait auprès d'une autre banque». Les efforts consentis par la filiale algérienne, notamment en faisant appel à sa maison mère au Luxembourg, pourront permettre à «l'entreprise de mobiliser d'autres garanties et d'arriver à un accord avec la BEA», évitant ainsi le dépôt de bilan, selon le ministre. Pour ce qui est du rôle du gouvernement de trouver une solution à cette crise, le ministre a affirmé que «le gouvernement a le devoir de soutenir toutes les activités économiques. Mais nous sommes un partenaire minoritaire dans une activité économique». L'entreprise, pour M. Benmeradi, est un opérateur étranger qui doit assumer «ses responsabilités», tout en ajoutant que «nous sommes prêts à l'aider». Le ministre a également expliqué que bien que «parfois le capital de la société soit détenu par l'Etat, ce dernier ne peut pas mettre en danger la sécurité des placements au niveau de la BEA en lui donnant des ordres. C'est une société commerciale qui agit sur la base de dossiers. Celui d'ArcelorMittal doit offrir un minimum de garanties nécessaires, ce qu'elle peut faire», a-t-il jugé. «La BEA fera le nécessaire aussi et on évitera le dépôt de bilan», a-t-il conclu. Benmeradi : «Le marché automobile est porteur» Par ailleurs et abordant le secteur de l'industrie automobile, Mohamed Benmeradi a déclaré que «c'est un secteur auquel le gouvernement accorde beaucoup d'intérêt», puisqu'en 2011, l'Algérie a importé jusqu'à «300 000 véhicules». Pour le ministre, «au lieu d'importer des véhicules, il vaut mieux les fabriquer chez nous, car cela créera de l'emploi et de la valeur ajoutée». A propos du cas Renault, Mohamed Benmeradi a évoqué «plusieurs rounds», dont «une première configuration, il y a deux ans», mais qui n'a pas abouti «parce que, du point de vue de la partie algérienne, le projet, tel qu'il a été conçu, ne constituait pas un projet industriel mais plutôt de montage». Ajoutant avoir «engagé, il y a un an, de nouvelles négociations avec Renault», il a évoqué l'aplanissement «de 80 à 90% des contraintes». Le site du projet a été clairement défini, puisque, selon le ministre, l'usine sera implantée «à Bellara (Jijel), sur un site de 100 hectares. Nous pensons réaliser, dans une première étape de 4 ans 75 000 véhicules, puis, dans une deuxième, 150 000». Il ne s'agira pas d'une usine travaillant avec des matériaux importés, puisqu'elle «utilisera beaucoup de matières produites en Algérie, avec 30 à 50% de taux d'intégration. Nous ferons appel à la sous-traitance nationale». Il a toutefois affirmé que «les négociations sont bien avancées. Nous avons des rendez-vous qui sont programmés très prochainement. Nous avons convenu des cylindrées mais pas encore des marques». Pour lui, il s'agit d'une «étape qui viendra une fois que nous aurons signé un mémorandum d'entente et nous pensons y parvenir rapidement». Pour ce qui est de l'éventualité Renault, il a précisé que le choix serait porté sur les «meilleures séries de la gamme». Même si rien n'est encore conclu officiellement, il existe des négociations industrielles et des projets importants. Revenant sur le site de Bellara, il a ajouté que «celui-ci présente beaucoup d'avantages et c'est une zone totalement opérationnelle aujourd'hui».