La filiale algérienne du géant de l'acier ArcelorMittal, qui emploie près de 7.000 salariés dans le grand complexe d'El-Hadjar, près d'Annaba (est), est menacée de «dépôt de bilan», en raison d'une crise de trésorerie, a-t-on appris jeudi de source syndicale. «Le dépôt de bilan est imminent. Le complexe croule sous une dette de 120 millions de dollars», a déclaré le secrétaire général du syndicat d'entreprise d'El-Hadjar, Smaïn Kouadria. «Les actionnaires coopèrent activement avec le gouvernement algérien pour évaluer cette situation et régler le problème dans les plus brefs délais. Pour l'instant, nous sommes en train de travailler pour trouver une issue», a déclaré à la radio le directeur général d'ArcelorMittal, Vincent Le Goïc. Selon M. Kouadria, ArcelorMittal ne dispose pas actuellement de liquidités pour «continuer normalement son fonctionnement». La direction a négocié, sans succès, avec la Banque extérieure d'Algérie (BEA, publique) «un prêt de 200 millions de dollars pour entamer la rénovation des installations et rembourser un prêt de 120 millions», a-t-il précisé. Mais la banque a exigé d'ArcelorMittal «d'hypothéquer un terrain de 830 hectares, propriété de l'Etat algérien, sur lequel est bâtie l'usine, a ajouté M. Kouadria. ArcelorMittal aurait pu obtenir son prêt «en hypothéquant ses biens immobiliers mais la banque a refusé», a ajouté M. Kouadria. «La BEA a demandé des garanties. Elle a déjà accordé un prêt de 5 milliards de dinars (67 millions de dollars) sur un total de 14 milliards de dinars», a précisé le ministre algérien de l'Industrie Mohamed Benmeradi. L'actionnaire majoritaire «peut faire appel à sa maison mère pour mobiliser d'autres garanties afin d'arriver à un accord avec la BEA», sur la deuxième tranche du prêt, a-t-il ajouté. Le prêt aurait permis à ArcelorMittal de surmonter sa crise de liquidités en attendant la signature d'une nouvelle convention de partenariat avec l'Etat, selon M. Kouadria. ArcelorMittal détient 70% du capital du complexe sidérurgique et le groupe public algérien Sider les 30% restant. L'usine, propriété de l'Etat algérien, avait été achetée à 70% en 2001 par l'Indien Ispat, du groupe Mittal. Les deux parties avaient alors conclu une convention d'investissement et de partenariat pour 10 ans. Le gouvernement avait donné en septembre son feu vert à la reconduction du contrat de partenariat le liant à ArcelorMittal. Cette décision devait permettre la mise en oeuvre d'un programme d'investissement de 500 millions d'euros entre 2011 et 2015, a précisé M. Kouadria. Ce programme devrait être consacré notamment à l'implantation d'installations qui porteront la capacité de production du complexe à 2,4 millions de tonnes d'acier liquide par an, contre 2 millions actuellement, pour un coût total de 300 millions d'euros.