Routes bloquées aux cités Ghellouci et Laâlaouia et regroupement devant le siège de la wilaya. Telle a été la réaction des postulants au logement social, lors de l'annonce, la semaine écoulée, de la remise des clés au profit des 232 bénéficiaires. Quelques-uns parmi ces derniers ont refusé d'habiter des F2, qu'ils estiment exigus pour leurs familles alors que d'autres ont déploré des actes de vandalisme qui avaient précédé l'opération d'attribution. Kleche Hacene, un septuagénaire dont le nom a été retenu sur la liste des attributaires, se dit lésé. «Des couples nouvellement mariés ont bénéficié d'un F3 alors que ma famille, nombreuse, doit s'entasser dans un F2 », reproche-t-il. Un membre de la commission d'attribution ironise: «Voyez vous-mêmes comment notre tâche est ardue. Il y a d'abord les milliers de demandeurs qui font pression et qui ne demandent, au départ, que le droit à un gîte, ensuite les mécontents parmi ceux qui n'ont pas eu cette chance. Et des contestataires chez les nouveaux bénéficiaires.» Concernant les recours, ils sont officiellement aux alentours des 2700 dont seulement 28 fondés, selon la même version. Une source digne de foi avait pourtant porté à plus de 5000 leur nombre. Il faut rappeler qu'aucune information n'a filtré s'agissant des noms ou de la profession des indus attributaires concernés par les recours fondés. Cette opacité a donné libre cours aux supputations. En voici une apportée d'un contestataire :«Je mets à votre disposition cette liste de personnes à l'abri du besoin qui ont bénéficié du logement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), du relogement des familles habitant les constructions vétustes et du logement public locatif LPL).» Sahi Noureddine, 60 ans, malade chronique et handicapé moteur, souligne : «Je suis locataire dans une vieille bâtisse qui menace ruine et ma demande remonte à 1978. Aucun des responsables n'a voulu se pencher sur mon cas parce que je n'ai ni intermédiaire parmi la caste privilégiée ni un proche dans la commission d'attribution.» Boumaâza Radouane vit dans un semblant de pièce, lugubre, sans aération et sans sanitaires, à la rue du président Wilson. Le problème du logement a eu des effets ravageurs sur sa santé et sur ses rapports familiaux. «Je suis désespéré au point de vouloir renoncer à la vie», confie-t-il. Le cas de Mohamed Boumesaâd, âgé aujourd'hui de 55 ans, est plus qu'une affaire de logement. Son nom est rayé de la liste des bénéficiaires depuis plus d'une vingtaine d'années parce qu'une personnalité locale lui reprochait d'être le descendant d'un grand-père natif d'une autre ville. Une attribution de 250 autres unités est prévue pour les deux prochaines semaines.